« L’imprudence »
de Loo Hui Phang
J’ai lu « L’imprudence » de Loo Qui Phang chez les éditions Actes Sud dans le cadre des 68 Premières Fois.
Une jeune femme photographe doit retourner dans son pays d’origine le Laos, qu’elle a quitté quand elle avait un an, pour l’enterrement de sa grand-mère. C’est un voyage qui va lui permettre un retour aux sources, à l’évocation de souvenirs…
« Thu fouille dans la poche de son tablier et en sort de minuscules godillots de cuir blanc. Depuis le décès de Wàipó, elle les tient près d’elle avec dévotion. Elle raconte que la vision de ces souliers abandonnés dans la précipitation de notre départ, tristement immobiles et privés de mes pieds d’enfant, désolait notre grand-mère. Celle-ci décida que la fillette de la maison d’en face marcherait dans mes pas et occuperait la place vacante. »
« L’imprudence » est un joli premier roman pour lequel nous ne savons s’il est autobiographique ou fictionnel bien que chaque écrivain met de lui dans ses romans! L’auteure, Loo Hui Phang, a écrit son récit en alternant entre le « je » et le « tu ». Le « tu » permet à la narratrice de parler intérieurement à son frère avec qui les relations ne sont pas les plus simples. Dans ce roman, le lecteur assiste à une quête des origines avec ce retour au pays. Des origines bousculées pour les enfants d’immigrés qui doivent composer avec deux cultures sans en froisser une. Avec des parents qui ont plus de difficultés à être entièrement dans le pays d’accueil. Un frère qui reste toujours en conflit avec ce départ du Laos pour la France. Et elle, la narratrice qui se veut libre en France.
Dans « L’imprudence », Loo Hui Phang nous décrit le Laos avec ses us et coutumes, ses différences tellement opposées à la vie française. Elle nous raconte également le départ précipité de cette famille pour la France à cause du régime. Elle évoque ce retour au pays dans un moment douloureux, ce retour vécu d’une manière différente selon les membres de la famille. Et les souvenirs reviennent, les sons, les odeurs, les gestes. Ces souvenirs, la narratrice va les chérir et va essayer de les partager avec son frère, son grand frère qui malheureusement ne fend pas son armure… Et cette relation qu’elle va nouer avec son grand-père, cette relation qui a aussi bien manqué à elle qu’à son grand-père, une relation touchante, tendre et attentionnée. À côté de cela, la narratrice parle aussi de sa vie parisienne, une vie en total opposée à la vie qu’elle aurait eu au Laos. C’est une vie faite de plaisir, de jeux. Une vie qu’elle veut sans entraves surtout dans ses relations avec les hommes.
J’ai beaucoup aimé ma lecture de « L’imprudence » qui met en avant une quête des origines. Les narrations avec le « tu » donne, je trouve, de l’intime au récit, permet au lecteur d’être plus impliqué. Loo Hui Phang a une plume franche et douce à la fois. J’ai ressenti sa sensibilité et sa tendresse envers les personnages et le Laos. Ce premier roman est une jolie découverte.
« L’imprudence » de Loo Hui Phang chez Actes Sud, 21 août 2019.