« La police des fleurs, des arbres et des forêts »
de Romain Puértolas
Voici le dernier roman de Roman Puértolas, « La police des fleurs, des arbres et des forêts » chez les éditions Albin Michel.
Juillet 1961, Michel, officier de police, est envoyé à P, un village, par la procureur de la République de M sous la demande du maire de P, Basile Boniteau. Michel doit résoudre un meurtre, celui de Joël, 16 ans, égorgé, découpé en morceaux, mis dans des grands sacs des Galeries Lafayette et jeté dans une cuve de l’usine de confiture. C’est un drame pour ce village.
« Je ne sais pas si on dit madame la procureur ou madame le procureur, vous êtes la seule que je connaisse et je voudrais pas vous manquer de respect, alors rayez la mention inutile comme on dit dans les papiers administratifs. Je suis le garde champêtre chef Jean-Charles Provincio, de la brigade verte de P. J’imagine que vous en avez entendu parler. C’est la police des fleurs, des arbres et des forêts, comme je dis toujours, parce que la nature, ça rend forcément un peu poète. Excusez mes fautes de français et mon parler, enfin, mon écrit, parce que j’ai passé toute ma vie à la campagne, loin des universités et de la ville, des théâtres et des livres, madame. J’ai honte, je parle mieux que j’écris, demandez à tout le monde. »
Dès le début, Romain Puértolas dit que dans son roman, « il y a un coup de théâtre final époustouflant qui remet tout le récit en cause ». Et puis, les chroniques déjà publiées parlaient effectivement d’une fin que personne ne voyait venir… Ok, j’en prends note mais je ne veux pas que cela change ma façon de lire ce roman donc je mets de côté ces informations et je lis « La police des fleurs, des arbres et des forêts » sans chercher à connaître la fin avant la fin!
Je vais commencer par parler de la construction du roman que j’ai vraiment apprécié. Romain Puértolas ne raconte pas son histoire classiquement. En effet, tout se passe par l’envoi de lettres et les annexes jointes à ces lettres. Le personnage principal, Michel, envoie ses comptes rendus de journée à la procureur par écrit car suite à une tempête, les lignes téléphoniques de P sont coupées. Donc il s’ensuit des échanges de lettres entre deux. Michel raconte les avancées de son enquête et joint à ses lettres, les transcriptions des enregistrements qu’il fait tout au long de la journée. Bon, j’avoue: j’ai un faible pour les romans épistolaires! Donc cela m’a plu dès le départ! De plus, Romain Puértolas place son récit en 1961 avec, forcément, tout ce qui va avec cette époque et du coup, c’est drôle de se plonger dans ces années là!! Et l’enquête, parlons-en!! Une enquête assez invraisemblable et qui déroute cet officier de police avec une bonne réputation! Quand il arrive sur place, cet officier constate que rien n’a été fait dans les règles et qu’il va devoir mener une enquête sans le corps de la victime!!
Que dire? « La police des fleurs, des arbres et des forêts » est drôle, imaginatif, cocasse, et quand on se laisse emporter par les mots de l’auteur, c’est surprenant. Oui, je me suis fait avoir et je n’ai pas deviné le dénouement avant la fin. Et oui, quand j’ai lu la fin, j’ai repensé à toutes les choses qui étaient bizarres et après coup, j’ai compris pourquoi!! Pour moi, ce roman est bien ficelé, avec une construction qui change et qui fait du bien, avec des mots simples et drôles, des situations loufoques (mais n’est-ce pas la marque de fabrique de l’auteur). Bref, j’ai aimé ma lecture. J’ai aimé l’enquête. J’ai aimé tous les personnages attachants dans leur style. J’ai aimé la construction du roman. J’ai aimé « La police des fleurs, des arbres et des forêts »!
« La police des fleurs, des arbres et des forêts » de Romain Puértolas chez Albin Michel, 02 octobre 2019.