« Victor Kessler n’a pas tout dit »
de Cathy

Une fois de plus, Cathy Bonidan m’a convaincue avec son dernier roman, « Victor Kessler n’a pas tout dit » chez les éditions de la Martinière.
Bertille va trouver dans le cabas d’un vieil homme des pages de confession. Une confession sur un meurtre d’il y a 45 ans dans les Vosges, la région dont est originaire Bertille et qu’elle a quitté il y a bien longtemps. Bertille découvre que ce vieux monsieur, Victor Kessler, a été accusé du meurtre d’un enfant dont il était l’instituteur. Bertille veut découvrir toute l’histoire et retourne pour cela dans les Vosges.
« Lorsque je vivais à Paris, je croyais avoir fait une croix définitive sur mon passé, sur l’endroit où j’ai grandi. Ce n’est pas si simple. Mes rêves m’ont souvent ramenée ici. Dans ce leur où chaque arbre s’oppose au vent jusqu’à le faire hurler. Où chaque hiver blanc retrouve les secrets d’une guerre que nul n’a oubliée. Où chaque torrent de printemps défie le lit qui devrait le contenir. Où chaque été enveloppe de brime des sommets usés par le temps… Ici, la nature est reine, et seule sa force implacable est à même de laver cette terre des péchés commis par les hommes. »
J’avais hâte de lire à nouveau Cathy Bonidan ayant beaucoup aimé « Chambre 118 »!Et je n’ai pas été déçue par « Victor Kessler n’a pas tout dit »!J’ai retrouvé l’envie de Cathy de partager avec ses lecteurs, de leur faire découvrir des choses, de les emmener avec elle dans son récit. Il est également question de lettres dans ce roman! Effectivement, l’auteure alterne les écrits de Victor il y a 45 ans et les écrits de Bertille qui racontent à Victor tout ce qu’elle fait. Dans « Victor Kessler n’a pas tout dit », nous suivons donc Bertille dans un village des Vosges, le village reculé où tout le monde se connait. Elle s’y rend pour « enquêter » sur le meurtre qu’aurait commis Victor quand il y était instituteur. Bertille veut absolument savoir pourquoi Victor se saurait dénoncé pour le meurtre de Simon. Et du coup, le lecteur est obligé de se demander pourquoi Bertille veut savoir, pourquoi elle tient tellement à connaître l’histoire alors qu’elle ne connaît pas Victor au final. Voilà où nous emmène Cathy Bonidan!
L’auteure nous plonge dans l’atmosphère d’un village en hiver où une affaire vieille de 45 ans est remis sur le devant. Un meurtre dont le coupable a purgé sa peine. Mais était-ce le bon coupable? Et si non, pourquoi se serait-il dénoncer? Cathy Bonidan va répondre à ses questions pendant tout le récit de Bertille et de Victor, par leurs écrits ceux d’aujourd’hui et ceux d’il y a 45 ans. Et Cathy a le don de faire de son lecteur son enquêteur. Car oui, nous adhérons entièrement à l’histoire et nous voulons comprendre comme Bertille le fait. Tout cela dans une atmosphère brumeuse. D’ailleurs la couverture illustre à merveille l’ambiance de ce roman. Une ambiance propice aux révélations, aux secrets, au mystère qui entourent aussi bien le personnage de Victor que celui de Bertille. Les deux sont enclins à cacher des choses importantes. Et c’est ça toute la teneur du roman; les secrets. Mais également la rumeur, celle des villages, celle qui détruit une vie, celle qui pousse les gens à mentir, celle qui fait du mal. A côté de cela, il existe de réels personnages dans le sens où l’auteur nous les livre entier: leurs actes, leurs pensées, leur attitude, tout y est dit. Cela permet encore mieux d’entrer dans le roman, de vouloir savoir pourquoi, comment.
Cathy Bonidan a su écrire un roman que nous ne pouvons lâcher. Un roman dont les questions fussent, dont les intrigues se multiplient, dont les secrets se dévoilent petit à petit. L’ambiance, les personnages, les lieux, le meurtre. Tout est minutieusement dosé. Tous les personnages ont un rôle important. Et surtout la plume de l’auteure nous rend passionné par l’histoire. Un roman noir comme il se doit!
« Victor Kessler n’a pas tout dit » de Cathy Bonidan chez La Martinière, 11 juin 2020.