Vers la beauté.

« Vers la beauté »

de David Foenkinos

« Vers la beauté », paru chez les éditions Folio, est mon deuxième de David Foenkinos et je n’ai pas été déçue!

Antoine Duris quitte tout pour devenir gardien de salle au musée d’Orsay à Paris. Il quitte un emploi de professeur des Beaux-Arts à Lyon, quitte sa famille sans rien dire. Antoine Duris cherche la solitude dans ce musée, dans cette grande ville où il connait personne. Mais pourquoi fuit-il?

« Face à un tableau, nous ne sommes pas jugés, l’échange est pur, l’oeuvre semble comprendre notre douleur et nous console par le silence, elle demeure dans une éternité fixe et rassurante, son seul but est de vous combler par les ondes du beau. Les tristesses s’oublient avec Botticelli, les peurs s’atténuent avec Rembrandt et les chagrins se réduisent avec Chagall. »

David Foenkinos a su me transporter vers sa beauté, vers sa vision de l’art/beauté. Dans ce roman, l’auteur plonge son lecteur dans le monde de l’art, de la peinture, des musées. Avec son personnage Antoine Duris, j’ai visité le musée d’Orsay, l’école des Beaux-Arts de Lyon. J’en ai un peu appris sur Modigliani, ben oui « Vers la beauté » n’est pas un cours sur l’histoire de l’art non plus! Mais surtout, dans ce roman, j’ai ressenti des tas d’émotions: de la tristesse, de la culpabilité, de l’amour, de la peur, de l’incompréhension, de la sensibilité… C’est fou comment l’auteur arrive à faire ressentir autant de sentiments dans une seul livre! Dès le début, j’ai compris qu’Antoine avait fuit Lyon pour se « cacher ». Il cherche, en devenant gardien de salle de musée, à s’effacer, à ne plus être vu par les autres. En effet, nous devons tous avouer que, lors de nos visites dans les musées, nous portons peu d’intérêt au gardien de salle… Antoine est triste, Antoine s’en veut, Antoine voudrait oublier… Mais grâce à Mathilde, la drh du musée, Antoine va entrapercevoir une lumière qui pourrait l’apaiser. Mais l’apaiser de quoi? Afin de connaître ce que Antoine cherche à oublier, David Foekinos va livrer des indices petit à petit à son lecteur, comme dans un polar, histoire que son lecteur devine, cherche, imagine. Évidemment, j’ai su que cela se passera autour du personnage de Camille, l’élève d’Antoine aux Beaux-Arts mais je n’imaginais pas ce qu’elle a pu vivre et je comprends mieux le désarroi d’Antoine, son envie de « ne plus »… « Vers la beauté » est une belle histoire.

David Foekinos a, avec une grande pudeur, racontait dans ce livre, une histoire qui est banale, banale dans le drame, banale dans la solitude, banale dans le non-dit, banale dans l’amour, banale dans le beau. Et oui banal car cela arrive bien trop souvent et l’auteur a su en tirer quelque chose d’émouvant, quelque chose de passionnant, quelque chose de vibrant. Grâce à l’art, grâce à la peinture, grâce à la sensibilité de cet art, David Foekinos a montré le pouvoir de l’art thérapie, de ce besoin vital de son personnage pour Jeanne Hébutherne muse de Modigliani, de l’art comme outil de communication. J’ai aimé « Vers la beauté ».

« Vers la beauté » de David Foekinos chez Folio, le 02 mai 2019.

La mémoire des vignes.

« La mémoire des vignes »

de Ann Mah

Foi de bourguignonne, je me devais de lire « Mémoire de vignes » de Ann Mah chez les éditions Cherche Midi.

Kate se rend en Bourgogne dans le domaine de sa famille afin de perfectionner ses connaissances en vin pour le prestigieux concours de Master of Wine. Elle est logée chez son cousin Nico et sa femme Heather. Avec cette dernière, elles décident de ranger la grande cave. C’est là que Kate y découvre une pièce cachée avec des tracts de la Résistance et des grands crus. Kate veut en savoir plus et part à la découverte de sa grande tante durant la Seconde Guerre Mondiale.

« Le vin dort dans la bouteille, mais malgré tout, il change, il évolue, nous avait dit Jean-Luc. Et quand on enlève le bouchon, il respire à nouveau, il se réveille. Comme une princesse de conte de fées. »

Juin 2018, lors d’un dîner, j’ai fait la connaissance de Jérôme assis à ma droite. Nous discutons de livres bien évidemment et là, il me dit qu’une de ses amies auteures a écrit un roman se passant en Bourgogne sur le vin et la Seconde Guerre Mondiale. Et que ce roman va être publié chez Cherche Midi. Comment dire? Tout était là pour que ce roman fasse partie de mes lectures: le lieu, la Bourgogne, le vin et l’éditeur!! Et quelle joie quand j’ai eu « La mémoire des vignes » entre mes mains car j’ai aimé ce roman, vraiment aimé!

« La mémoire des vignes » est un roman qui se déguste comme un bon vin rouge de Bourgogne, avec délice, subtilité, envie, soif d’apprendre, de découvrir. Ce roman est addictif comme l’est une bonne bouteille de Bourgogne: quand on l’a commencé, on ne peut pas s’arrêter avant la fin! Dans « La mémoire des vignes », l’auteure a tout mis pour en faire le bon roman: des secrets de famille, un domaine familial, une histoire d’amitié, d’amour, de l’historique, des vins, des vendanges, des trésors. Comment ne pas succomber? Je ne suis peut-être pas objective vivant dans la plus belle région viticole!! Cela dit, ce roman est une pépite avec lequel vous allez en apprendre plus sur le vin, sa conservation, sa dégustation, sa récolte. Et aussi, vous allez découvrir un pan de l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale, un pan où la frontière entre résistance et collaboration est mince, si mince qu’elles se confondent et confondent surtout les protagonistes.

Dans « La mémoire des vignes », Kate nous emmène dans son univers qui est le vin. Mais avec cette découverte de la cave secrète et de l’existence d’une grande tante, Hélène, qui a vécu sur le domaine familial durant la grande guerre. Curieuse, Kate avec Heather partent à la découverte de son histoire. Entre le récit de Kate, se trouve le journal d’Hélène, son journal qu’elle a écrit durant cette terrible période. J’ai pu découvrir sa vie, sa vie d’élève avec son rêve d’étudier à Sèvres, l’arrivée des Allemands en Bourgogne, sa survie durant l’occupation et ses actions. C’est assez troublant de lire ce journal car tout est dit, rien est épargné et c’est difficile de se dire que tout cela s’est passé il y a pas si longtemps que ça. J’ai été très touchée par Hélène et son combat. Et Kate quel personnage! Une femme forte qui ne se laisse pas abattre et qui veut connaître la vérité. Elle est également touchante et sincère dans ses démarches. Ce roman est à lire. Ce roman est gorgé de couleurs vives. Ce roman est empli d’odeurs de la terre, de fruits, de feuilles, de bois. Ce roman est à l’image d’un vin de Bourgogne: bon, odorant, avec ses secrets, ses ambitions, ses vérités, sa subtilité et surtout son histoire. Bref, « La mémoire des vignes » est le roman de votre été, le roman de votre rentrée (pendant les vendanges), le roman qui se déguste et qui ne se lâche pas tant que la dernière page n’a pas été tournée!

« La mémoire des vignes » de Ann Mah, traduit par Sophie Aslanides, chez Cherche Midi, 02 mai 2019.

Interview de Marianne Levy.

« Interview de Marianne Levy »

Tout d’abord, merci infiniment, Marianne d’avoir accepté de répondre à mes questions!

Merci Sybil pour la chouette invitation !

 

 

-Mais qui est Marianne en fait?

 

Une fille qui a une double vie. Je suis critique de séries. Jai voulu devenir journaliste lorsque jai compris que mon téléphone serait l’équivalent dune baguette magique et me permettrait de joindre nimporte qui. Jadore mon métier car il moffre la possibilité de rencontrer des créateurs dont le travail me fait rire, minterroge, me bouleverse Cest passionnant de suivre une série de sa naissance, lintention du scénariste, jusquau tournage puis la découvrir lors de sa projection. Jai appris à raconter des histoires en analysant leur travail. Je leur dois énormément. Cest grâce à eux que je suis devenue romancière. L’écriture constitue la seconde moitié de ma vie. Les deux se répondent. La fiction maide à comprendre la réalité et les petites choses de la réalité sont la matière de mes histoires.

 

-Pourquoi écris-tu?

 

L’écriture est pour moi un moyen de rencontrer les autres. Au sens figuré, dabord. Jaime avant tout et plus que tout les romans à personnages. Jaime avant tout et plus que tout me mettre à leur place. Cest une forme de rencontre extrêmement grisante. Une expérience addictive. La meilleure des façons de me poser une question et de chercher des réponses plus grandes que moi Au sens propre, également. Jai la chance davoir croisé le chemin dauteurs dont jadmire le travail. Certains sont devenus des amis. Jappartiens aussi à un collectif la Team RomCom qui défend la comédie romantique. Nous avons signé ensemble une tribune intitulée « Je pense donc je ris » dans le Huffington Post. Nous y avons affirmé qu’écrire sur lintime avec légèreté est une affaire de première importance. Cest une partie de ma vie dauteure qui compte beaucoup pour moi car Isabelle Alexis, Tonie Behar, Adèle Bréau, Sophie Henrionnet et Marie Vareille sont très talentueuses et japprends beaucoup grâce à elles. Et puis, il y a la  magie de la rencontre avec les lecteurs. Cest le meilleur moment. 

 

-Cendrillon est le conte d’enfance des petites filles? Pourquoi être partie de ce conte pour ton roman « Chaussures à son pied »?

 

Cest réellement une excellente question. Elle contient la réponse ! Je suis partie de ce conte car en discutant avec mon éditrice Florence Lottin, chez Pygmalion, Cendrillon mest spontanément venue à lesprit. Je me suis demandé pourquoi. Cest évidemment parce que ce personnage a imprimé limaginaire féminin. Elle est devenue le symbole de la rencontre idéale. Dans « Chaussures à son pied », jai eu envie de comprendre ce que le prince charmant avait fait aux hommes. Cest la raison pour laquelle jai choisi de raconter lhistoire du point de vue dun trentenaire qui se débat avec cet idéal.

 

-Le prince charmant, le coup de foudre, tu y crois?

 

Croire est une décision. Disons que je crois aux rencontres. Je crois quil faut laisser de la place à l’évidence. Aux gens qui sont faits pour compter. Je crois quil faut accepter de prendre le risque de se tromper. Dans les relations amoureuses, comme amicales dailleurs, cest cette forme de courage qui rend la vie si belle. Cest tout le chemin que fait mon héros, Samuel.

 

-Ton roman a une construction bien à lui. Comment as-tu eu cette idée de construction?

 

Le créateur de la série « The Affair », Hagai Levi, ma dit un jour que le plus important pour lui était de trouver la forme de son histoire, son concept. Une fois leuphorie initiale passée, cela a été très impressionnant pour moi de mattaquer à Cendrillon. Sa notoriété est à peu près équivalente à celle de Jésus ou de Beyoncé… Je me suis rappelé cette phrase. Puis jai décidé que le plus important pour moi était de souligner le rôle capital des histoires que lon se raconte. De travailler autour de la subjectivité. Du choix. Quatre amis dans une pièce ne vivront jamais la même soirée. Ils ne retiendront pas la même chose. Et ils nauront sûrement pas envie de tout en dire. Il y a donc un roman dans le roman puisque Samuel écrit une histoire pour tenter de reconquérir une femme quil a perdue. Il tente de réenchanter sa vie. Cette forme est aussi mon clin d’œil à la fonction du conte.

 

-Dans ton roman, ton personnage principal, Samuel, écrit pour la télévision une série? Tu t’es inspirée de ta vie professionnelle?

 

Je suis critique depuis presque quinze ans. Je commence à bien connaître les coulisses de la création audiovisuelle. Lorsque lon est en reportage, on note beaucoup de détails, on discute énormément Tout cela nourrit des articles mais imprime aussi linconscient. Il est vrai que,  jusqu’à présent, tous mes romans ont eu les coulisses de la télé pour décor. Mais mon intention na jamais été le réalisme. Sinon je me lancerai dans le documentaire. Jadore la fantaisie que permet la fiction. La seule chose qui mintéresse, cest la vérité des émotions. Inspirée nest donc pas le mot. Imprégnée, plutôt. 

 

-Pourquoi avoir choisi Londres comme ville pour ton roman? Paris n’est pas la ville romantique par excellence?

 

Pour plusieurs raisons. Dabord, javais envie que mon héros soit le sosie de Hugh Grant, la figure du prince charmant moderne depuis « Coup de foudre à Notting Hill ». Je trouvais drôle lidée quun trentenaire français vive avec cela à Londres. Ensuite, jai une passion pour le spectacle vivant. Le quartier du West End à Londres est une caverne dAli Baba pour les amateurs de théâtre et de comédies musicales. L’équivalent de Broadway à New York. Samuel est aspirant dramaturge, Londres était la ville idéale.

 

-Et toi, tu es plus Converse ou escarpins?

 

Pour faire la belle, je pourrais répondre escarpins. Mais, en vérité, les Converse gagnent le match neuf fois sur dix. Jaime beaucoup trop danser pour préférer les talons !

 

-Il t’a fallu combien de temps pour écrire ce roman? Depuis l’idée qui a germé dans ta tête au point final?

 

Jai écrit « Chaussures à son pied » en un an. 

 

-Quand tu écris, as-tu déjà un plan bien définit ou est-ce que tu vois au fur et à mesure de la rédaction?

 

Je commence toujours mes romans par une longue période de réflexion sur la question centrale que je vais poser. Cela donne naissance à un scénario. À partir de là, jentre en écriture comme je partirai en reportage. Les personnages, les scènes, les décors, les costumes, tout existe déjà dans mon carnet de notes et mon cerveau.

 

-Comment vois-tu tes lecteurs? Quels rapports entretiens-tu avec eux? 

 

Je leur dois tout, littéralement. Je viens de lauto-édition. Sans la conviction des blogueuses qui ont accepté de lire et défendre mes deux premiers romans, sans les lecteurs qui leur ont  donné une chance, je ne serai pas devenue auteure. L’écriture est dabord pour moi un moyen de rencontrer lautre. Alors je ne vois aucune raison que cela sarrête après le mot Fin. Les dédicaces, les salons du livre ou les conversations sur les réseaux sociaux avec les lecteurs sont de vrais moments de bonheur pour moi.

 

-Comme lectrice, tu as des préférences de genres littéraires?

 

Je nai pas de préférence en matière de genres littéraires. Comme lectrice, seules deux choses comptent particulièrement pour moi. Dabord, les personnages. Beaucoup plus que lintrigue, dailleurs. Jai besoin davoir le sentiment d’être assise à leurs côtés. Ensuite, lengagement de lauteur. Jaime entendre son cœur battre. Jaime le voir jouer avec ses mots à lui. Son rythme. Jaime quand je sens que le livre que je lis ne peut être que le sien. Cest le cas avec le travail de Laurence Peyrin ou de Nicolas Robin, par exemple.

 

-Un conseil lecture pour lété?

 

Un roman américain écrit par un auteur français. « Sans compter la neige » de Brice Homs. Son héros Russell Fontenot est en chemin vers la maternité où il va devenir père. Ralenti par la météo, il se débat avec le doute et le passé. Le texte questionne la filiation mais raconte aussi toutes les manières d’être un homme. Cest-à-dire un fils, un frère, un ami, un amour. Son écriture est généreuse, vivante et belle. Cest mon dernier coup de cœur. 

 

-Un dernier mot? 

 

Cheesecake ?

 

À quand une part de carrot cake?

 

Cest une question dangereuse car je suis toujours partante aussi pour ce genre de proposition !

Chaussures à son pied.

« Chaussures à son pied »

de Marianne Levy

C’est avec une grande gentillesse que Marianne Levy m’a envoyée son dernier roman, « Chaussures à son pied », paru chez les éditions Pygmalion.

Samuel est français et vit à Londres. Il est le sosie de Hugh Grant et travaille pour une série télé. Samuel vit en coloc et ne croit pas aux contes de fées. Filo, sa coloc espagnole, n’étant pas de son avis, va tout faire pour lui trouver sa princesse afin qu’il change d’avis sur les contes de fées, bien que Samuel ne porte que des converses!

« J’ai vraiment essayé, vous savez. Parce que je crois que les histoires ont le pouvoir de changer la vie. Qu’elles sont plus fortes que la réalité. Comme dans le chapitre sur le dîner avec Zoe. Les étoiles filantes qui ont allumé le ciel après le black-out, c’étaient les flammes du briquet que j’ai eu du mal à allumer. Et Barry White, la sonnerie du téléphone d’une fille qui passait à côté. Pourtant, la magie était bien là. Tout entière. Dans le baiser. »

Chose que je ne fais jamais: je vais commencer par un avertissement. En effet, pour apprécier la lecture de « Chaussures à son pied », il faut choisir le bon moment du fait de la construction particulière de ce roman… J’ai commencé ma lecture une première fois mais j’étais pas assez concentrée pour arriver à me plonger dedans. Alors j’ai attendu le bon moment et là, j’ai plus qu’apprécié ma lecture!! Cette construction particulière est un roman dans le roman: il y a l’histoire que nous raconte Marianne, le roman qu’écrit Samuel et les échanges de mails et textos des coloc entre eux. Vous m’avez suivie? Vous êtes bons pour la lecture de « Chaussures à son pied »!

Comme toutes petites filles, j’ai évidemment cru aux contes de fées. Mais cela m’est passée et je serais plus du même avis que Samuel: les contes de fées, ça n’existe pas (et peut-être que je vais vivre la même histoire que lui du coup!!!)!! Cependant, il faut toujours croire à ses rêves et faire qu’ils se réalisent, c’est ce que cette bande d’amis démontre dans « Chaussures à son pied ». Chacun veut se réaliser, croit en leur rêve et surtout chacun va aider l’autre dans cette réalisation de rêve. Vous savez, comme dans Cendrillon, avec la marraine et les souris!! Bien évidemment, il y a une histoire d’amour quand même! Une histoire d’amour inattendue. Une histoire d’amour sincère! Et ponctuée d’humour! Tout comme le roman car oui, « Chaussures à son pied » est drôle, l’auteure y a lancé des pointes d’humour plus que sympathique! Sans oublier les références à Shakespeare!! Donc si je résume: dans « Chaussures à son pied », il y a de l’amitié, des rêves, de l’amour, de l’humour et de la culture!! Comment ne pas résister à ce cocktail très bien secoué par une auteure à la plume enjouée, dynamique, pétillante!!

« Chaussures à son pied » est un roman so romantique, so british, so amical!! Sa construction donne un rythme puissant à la lecture. Ses personnages sont tous attachants, drôles et sincères. L’humour est roi dans les lignes dans ce roman. Et en refermant « Chaussures à son pied », nous ne pouvons que croire en nos rêves, en nos amis!! C’est le roman à lire pour tous ceux qui aiment les contes de fées, qui aiment l’Angleterre, qui sont amoureuses de Hugh Grant, qui aiment le théâtre et les séries télé, et qui croient en l’amitié!!

« Chaussures à son pied » de Marianne Levy chez Pygmalion, le 30 janvier 2019.

 

Interview de Luc Chomarat.

« Interview de Luc Chomarat »

Tout d’abord, merci infiniment Luc d’avoir accepté de répondre à mes questions!

 

 

 

-Mais qui est Luc en fait?

 

Je suis un personnage de fiction, créé par Olaf Grundowszkson en 2019.

 

-Pourquoi écrivez-vous?

 

Pour apporter ma petite brique à l’édifice, j’imagine. Cervantès, Tolstoï, Melville et moi. Bref, il y a encore du boulot.

 

-Comment, en deux phrases, parlez-vous de votre dernier roman « Le dernier thriller norvégien« ?

 

Ce n’est pas un thriller. Et il ne se passe pas en Norvège.

 

-Dans quelle catégorie classeriez-vous votre roman? 

 

Il est difficile à classer, ce qui est probablement une volonté de ma part. On m’a fait remarquer récemment qu’il était difficile, voire impossible, de « pitcher » un de mes romans. Je trouve ça normal. Un roman, ce n’est pas un tweet, il faut le lire pour savoir ce que ça raconte. C’est sûrement pour ça que je leur donne des titres très génériques, le Polar de l’été, le Dernier thriller norvégien, etc. 

 

-Franchement, comment vous est venue cette idée de roman assez inattendu?

 

Si on savait d’où viennent les idées, on irait toujours pêcher dans le même coin. Cela dit, mes derniers livres tournent tous autour de la quête du réel. Je trouve que c’est un des grands enjeux de l’époque : la disparition du réel. Dans l’Espion qui venait du livre, Delafeuille, déjà, n’arrivait pas à admettre qu’il était fictif. Mais j’étais un peu en avance sur l’horaire.

 

-Vous y parlez de polar nordique. Pour rester dans votre humour, vous êtes jaloux de ces auteurs nordiques à succès?

 

Non, bien sûr. Je ne suis pas un auteur nordique, donc je ne peux pas être un auteur nordique à succès. Le succès en général ne me rend pas jaloux.

 

-La fiction dans la réalité? Ou la réalité dans la fiction?

 

L’une des idées du livre est que ce sont deux notions assez floues, justement. Quand nous lisons un livre, nous croyons à la réalité de ce que nous lisons. Plus exactement, nous devons la créer nous-mêmes au fil des pages, nous sommes très actifs dans cette illusion. Il me semblait intéressant, une fois que le lecteur a créé un personnage, par le simple jeu de la lecture, que ce personnage découvre qu’il n’existe pas. Étonnamment cela ne le rend pas moins réel, bien au contraire. A moins de nous interroger sur notre propre réalité. C’est tout l’enjeu du livre.

 

-Vous avez des bonnes relations avec votre éditeur? Car les éditeurs sont un petit peu égratignés dans votre roman!!

 

C’est très drôle, votre question… Oui, j’ai de bonnes relations avec mon éditeur. Je n’ai pas cherché à m’en prendre spécialement aux éditeurs, ce serait un peu suicidaire, non ? Ce sont des personnages assez rares en littérature, tout simplement. Personnellement je trouve Delafeuille plutôt sympathique. Mon éditeur aussi est un homme sympathique.

 

-Forcément, je dois vous demander: livre papier ou liseuse?

 

Liseuse, jamais. Cela me prive de trop de petits plaisirs : feuilleter, corner les pages, mettre le livre à l’envers sur la table de nuit, sentir l’odeur du papier, le poids du livre dans mes mains, m’arrêter pour regarder la couve, parfois j’achète des livres juste pour la couve… Tout simplement, ce sont des objets que j’aime bien. Et puis, si vous les faites tomber dans l’escalier, ils marchent toujours.

 

-Il vous a fallu combien de temps pour écrire ce roman? Depuis l’idée qui a germé dans votre tête au point final?

 

Difficile à dire. J’écris vite, mais je suis paresseux, il me faut du temps pour m’y mettre. Donc c’est compliqué à chiffrer. Je suis incapable de m’imposer une discipline, rester devant le clavier tous les jours de telle heure à telle heure, je ne sais pas faire. J’ai dû tomber la plus grosse partie du livre en deux mois, et puis après il a fallu faire en sorte que tout tombe en place et ça, ça a bien dû prendre un mois de plus. Sous toutes réserves.

 

-Quand vous écrivez, avez-vous déjà un plan bien structuré ou est-ce que vous voyez au fur et à mesure de la rédaction?

 

Non, je n’ai jamais de plan bien structuré, ou même mal structuré, parce que sinon je m’ennuierais. J’aime bien ne pas savoir ce qui va se passer après… un peu comme tous les lecteurs, j’imagine. J’aime bien qu’on me raconte une histoire.

 

-Quel seul conseil donneriez-vous à un futur écrivain?

 

De ne suivre les conseils de personne.

 

-Comment voyez-vous vos lecteurs? Quels rapports entretenez-vous avec eux? 

 

A quelques exceptions près, je n’ai aucune idée de qui sont mes lecteurs. 

 

-Comme lecteur, vous avez des préférences de genres littéraires?

 

Aucun préférence. Je lis de la science-fiction, du polar, des essais, de la poésie, des romans du dix-neuvième, et des BD.

 

-Pourquoi lisez-vous?

 

Par plaisir, bien sûr. Il y a des avantages annexes : on se couche moins bête.

 

-Un conseil lecture pour l’été?

 

Le Dernier thriller norvégien.

 

-Un dernier mot?

 

Merci, Sybil.

Le dernier thriller norvégien.

« Le dernier thriller norvégien »

de Luc Chomarat

Quelle super découverte de « Le dernier thriller norvégien » de Luc Chomarat chez La manufacture de livres grâce à Trames xyz.

Delafeuille se rend à Copenhague pour rencontrer le maître du polar nordique afin de le convaincre de publier son dernier roman dans sa maison d’édition. Arrivé sur place, Delafeuille découvre qu’un tueur en série sévit dans la ville, surnommé l’Esquimau. Et ce qu’il y a de vraiment étrange est que le roman du maître du polar est exactement ce que Delafeuille est en train de vivre à Copenhague. La fiction dépasse la réalité… Ou c’est la réalité qui dépasse la fiction…

« C’est une littérature qui semble tirer son énergie de ses paysages, et du climat bien entendu… Comme si la rudesse des conditions créait une atmosphère propice aux développements les plus angoissants…

Ce que vous dites est très juste. Pour ma part, je suis très attaché à maintenir cet aspect quasi documentaire qui fascine mes lecteurs… Ma parole, on se croirait vraiment à Copenhague. Il fait froid, il fait noir, les lumières sont glauques, les hommes ont le poil ras, les femmes sont blondes avec d’énormes… »

Lire « Le dernier thriller norvégien », c’est être sur de passer un super moment, de sourire, de se demander où l’auteur a eu cette imagination, de plonger avec un second degré dans le monde de l’édition fortement lié à l’argent, de ne pas lire un thriller scandinave!!! Ce roman est bien loin du roman scandinave par excellence. Ce roman est d’une drôlerie, d’une inventivité, d’un second degré épatants!!! Luc Chomarat manie avec habilité la réalité et la fiction ce qui en fait perdre le latin aux policiers chargés de l’enquête sur le tueur en série, l’Esquimau. Delafeuille, sans le vouloir, se retrouve au cœur de cette fiction qui est une réalité? Ou il se retrouve dans la réalité qui est devenue une fiction? Certains codes du thriller nordique sont là: le tueur en série, le lieu froid, l’inhospitalité de la région, les femmes scandinaves blondes à forte poitrine! Avec son humour, l’auteur n’oublie pas de parler du monde de l’édition, monde qui se bat pour obtenir la star des auteurs, monde qui parle argent et non passion de la lecture, monde qui semble impitoyable… Et tout cela est à prendre avec dérision bien entendu!! Le livre papier et numérique y sont également évoqués avec l’adepte du papier, Delafeuille, le vieil éditeur, et l’adepte du numérique, son jeune concurrent!! Ajoutez à tout ceci Sherlock Holmes qui va mener l’enquête avec Delafeuille!! Et oui « Le dernier thriller norvégien » est un savant mélange de réalité et de fiction d’où la présence du très célèbre détective!!!

« Le dernier thriller norvégien » se lit avec délectation. Se lit avec son humour bien affûté. Se lit sans se prendre la tête. Se lit avec dérision. Se lit avec plaisir. Se lit joyeusement!!!

« Le dernier thriller norvégien » de Luc Chomarat chez La manufacture de livres, 06 juin 2019.