Les entrailles de New-York.

« Les entrailles de New-York »

de Julia Wertz

Pour les inconditionnels de New-York, de l’histoire et du beau: « Les entrailles de New-York » de Julia Wertz chez les éditions L’Agrume.

C’est un bel ouvrage sur les histoires passées voire oubliées de la belle ville de New-York. Des anecdotes, des personnages, des quartiers, des buildings, et surtout des dessins, des superbes dessins de New-York d’avant versus New-York de maintenant.

« Les entrailles de New-York » est un très beau livre de part son graphisme et de par ses recherches. L’auteure et illustratrice, Julia Wertz, a étudié, scruté, cherché, inspiré la ville de New-York. Elle s’est réellement penchée sur cette ville connue de tous mais elle l’a fait d’une manière différente. Julia est parti à la rencontre des différents quartiers, de leur histoire, de leurs habitants, des histoires mal ou pas connues. Tout ce qui fait l’âme de New-York, la vraie, la vivante, la culturelle, l’historienne new-yorkaise.

Ouvrir « Les entrailles de New-York », c’est se plonger littéralement dans New-York, celle qui fascine, celle qui s’est construite, celle connue par les vrais new-yorkais. Pour cela, Julia Wertz a fait un travail de recherches, de déambulations, de photographies, un travail de dingue!!! Et elle a retranscrit tout cela avec ses mots et surtout avec ses illustrations. Il y a beaucoup d’illustrations de quartiers, de buildings, d’avant versus maintenant et c’est fascinant! Julia nous fait découvrir les librairies indépendantes de la ville avec leur histoire. Elle nous fait rentrer dans des appartements. Elle nous raconte la vie de certains new-yorkais. Elle n’oublie pas les cinémas bien sûr!

« Les entrailles de New-York » est un véritable voyage à travers les rues de New-York, à travers les années, à travers des personnages, à travers la ville. L’auteure capte notre attention dès sa préface et ses explications sur ce livre. Elle impressionne par la qualité de son travail, de ses recherches, et surtout par son coup de crayon. Ses illustrations sont juste incroyables, magnifiques avec des détails époustouflants!!! Découvrir « Les entrailles de New-York », c’est découvrir la grosse pomme comme jamais. C’est s’imprégner de ses bruits, odeurs, changements. C’est connaître sincèrement cette belle ville. Et c’est surtout une envie folle de prendre ce livre, un billet d’avion et d’aller arpenter toutes les rues si bien représentées dans ce bel ouvrage!!!

« Les entrailles de New-York » de Julia Wertz chez L’Agrume, 01 avril 2019.

James et Talia.

« James et Talia »

de Béatrice Shalit

Voilà un roman tellement agréable à lire: « James et Talia » de Béatrice Shalit chez les éditions Julliard.

Un hôtel particulier à Paris où vit James, le chat roux qui appartient à tous les habitants de cet immeuble: Annette et Maurice, les propriétaires de cet hôtel; Talia, une jeune Israélienne; Maryline, une actrice; M Achad, un retraité sans argent; Yacek, un jeune peintre; et une Afghane sans papiers. James les connaît tous très bien et il va raconter ce que provoque l’arrivée de Talia dans cette communauté sans histoire à première vue…

« Avant de partir, elle réclame le prix astronomique de sa consultation. Je ne sais qui paye, je ne regarde pas. J’ai honte soudain de n’être qu’un chat. Un chat sans ressources, sans argent, sans paroles. Maurice Rahbani me soulève dans les airs avec sa fougue habituelle et, au lieu de me débattre, je lui lèche le bout du nez. C’est vrai que je les adore, tous. Mes gentils humains. »

Que c’est bon de lire un roman passé un peu inaperçu. Que c’est bon de le découvrir en connaissant seulement sa quatrième de couverture. Que c’est bon d’avoir fait le bon choix en le choisissant. Que j’aime les livres où l’animal y a une place plus qu’importante!! Ben oui, un chat adopté par tout un immeuble. Un chat qui va de chambre en chambre. Un chat dont tout le monde prend soin. Un chat qui est un habitant à part entière de l’immeuble. Et bien, c’est un chat qui a une jolie vie et qui en plus, nous narre ses « maîtres », leurs histoires, leur passé, leur présent, leurs rêves, leurs souffrances. Oui James entend tout. James va partout. James suit les habitants. James garde l’oeil ouvert et protège à sa manière ce groupe de personnes à qui il est si attaché. Avec James, j’ai su pourquoi Talia est venue à Paris, pourquoi elle voulait absolument une chambre rue La Fayette, pourquoi cet immeuble est si important pour elle. Avec James, j’ai découvert l’histoire de cet immeuble pendant la deuxième guerre et l’histoire familiale d’Annette. Avec James, j’ai appris des pillages de cette guerre et les conséquences. Avec James, j’ai fait la connaissance d’une petite fille sans papier qui a eu la chance de rencontrer cette communauté. Avec James, j’ai vu l’amour que deux personnes se portent depuis tant d’années, et j’ai vu un amour naissant. Avec James, je me suis rendue compte que la solidarité, la compréhension, l’amitié, la sincérité, la fidélité font toujours partie de ce monde mais sans oublier certaines difficultés. Avec James, j’ai mené l’enquête pour comprendre, connaître et appréhender (mais je ne vous en dirai pas plus sur ce sujet). James est le lien qui unit toutes ces personnes dans un même lieu. James est leur chat à tous et quand il est nécessaire, James sait parfaitement leur rappeler, leur rappeler qu’ils doivent s’aider et se soutenir.

« James et Talia » est un beau roman qui nous enseigne, nous remémore, nous apprend, nous guide. James est un chat plus qu’adorable avec un sens de l’observation incroyable et une envie de rassembler indéfectible. Les habitants de cet hôtel particulier sont attachants avec des vies à découvrir. Ce roman est parfait pour se rappeler ce que l’humain  sait faire le mieux: être solidaire!

« James et Talia » de Béatrice Shalit chez Julliard, 02 janvier 2020.

 

Maintenant, comme avant.

« Maintenant, comme avant »

de Juliette Arnaud

Un deuxième roman mais un premier pour moi de Juliette Arnaud, « Maintenant, comme avant », chez les éditions Belfond.

Rose a 18 ans et plein de projets. Mais c’était sans compter le retour de Manette dans son village du Sud de la France. Manette, sa mère. Celle qui est partie quand Rose était bébé. Mais celle qu’Emiliano, son père, n’a cessée d’aimer.

« Viens ma mine, viens mon petit, viens jeter ta carcasse de guingois contre la mienne, rends-moi les choses comme elles étaient avant, que ton haleine pestilentielle me donne envie de rire, laisse-moi plonger mon visage dans la tache blanche de ton poitrail pour être aveugle, et si je pleure, si je pleure, ça ne changera rien pour toi, n’est-ce pas? Pas de questions, pas de conclusions, pas de conséquences à évaluer. Rien que ta dévotion, et la mienne, rien que l’appétit qu’on a l’un de l’autre. »

Lire « Maintenant, comme avant », c’est faire connaissance avec Rose, 18 ans, habitant dans un village, ayant des rêves, voulant accomplir certaines choses durant l’été de ses 18 ans. C’est faire aussi connaissance avec Emiliano, son père qui tient le bar le Rendez-vous des chasseurs et des boulistes; avec sa grand-mère qui l’a élevée avec son père; avec Gros son chien, son réconfort; avec Moïse, son meilleur ami et voisin; avec Bruno, l’ami de son père; et avec Manette, sa mère.

Lire « Maintenant, comme avant », c’est « écouter » Rose raconter, se raconter, raconter ce qu’elle sait de l’histoire de ses parents. Raconter avec ses mots à elle, les mots encore un peu enfantins, des mots sans chichis, des mots vrais, sincères, dits sans arrière pensée, des mots où ressort toute la fraîcheur, la candeur d’une jeune de 18 ans.

Lire « Maintenant, comme avant », c’est s’attacher à Rose. C’est, comme elle, ne pas vouloir de Manette? C’est, comme elle, être complice avec son père et sa grand-mère. C’est, comme elle, se réfugier chez Moïse dès qu’elle en éprouve le besoin. C’est, comme elle, être toujours accompagné de Gros. C’est, comme elle, avoir des rêves de jeune fille.

Lire « Maintenant, comme avant », c’est comprendre Emiliano et son amour inconditionnel pour Manette lors de la date anniversaire du départ de Manette où Emiliano prend toujours une cuite accompagné de Bruno, le seul jour où il se laisse totalement aller. Le seul jour que sa mère lui a concédé pour pleurer son amour perdu.

Lire « Maintenant, comme avant », c’est comprendre Rose et son envie de ne pas connaître Manette. C’est comprendre sa peur de perdre l’équilibre familial qu’elle a construit avec son père et sa grand-mère pendant 18 ans. C’est se demander comment j’aurais réagi à sa place!

Juliette Arnaud a fait de son roman une jolie histoire d’amour et de famille. Comme elle peut être dans la vie, elle est une auteure qui fait juste ce qu’il faut pour pouvoir apprécier à sa valeur son roman! J’ai aimé « Maintenant, comme avant ».

« Maintenant, comme avant » de Juliette Arnaud chez Belfond, 05 septembre 2019.

Le petit chat est mort.

« Le petit chat est mort »

de Xavier de Moulins

Le roman pour les amoureux des animaux: « Le petit chat est mort » de Xavier de Moulins chez les éditions Flammarion.

Xavier de Moulins nous raconte sa rencontre avec son petit chat, ce que ce dernier lui a tant apporté. Et surtout Xavier parle de la mort de son petit chat.

« Imagine, mon petit chat, si les humains vivaient « chats ». Les amoureux se parleraient au restaurant, sans répondre au premier message reçu sur leur Smartphone ni compter dans leur tête le nombre de likes obtenus par la photo d’un plat à peine posé sur la table. Cela donnerait la possibilité à la conversation de se déployer, et aux humains de vivre plus longtemps. L’amour aurait bien d’autres visages et tout serait plus surprenant. Tu m’as enseigné l’instant, présent et appris à ne plus faire de suppositions. À ne plus m’exposer à des douleurs inutiles, en imaginant le pire avant qu’il ne se produise. Mon petit chat, tu n’étais pas de bois-là. Tu te contentais de pulvériser envase, quelques assiettes de temps en temps, et de nous faire toujours rire à la fin. »

« Le petit chat est mort » est un roman court mais dans lequel il y a tant: de l’amour, de la sincérité, de l’empathie, de la tristesse, de la bienveillance, de l’apprentissage, du mieux-être, de la philosophie, de la joie. Lire « Le petit chat est mort », c’est tomber d’amour pour les chats si ce n’est déjà pas le cas. Lire « Le petit chat est mort », c’est comprendre pourquoi on aime les chats. Lire « Le petit chat est mort », c’est comprendre pourquoi le chat nous apporte tant.

Xavier de Moulins se livre dans son roman. C’est un roman très personnel et à la fois très universel. Personnel car Xavier de Moulins nous raconte sa rencontre avec Mino, sa vie avec Mino et la mort de Mino. Il nous raconte aussi les drames vécus par lui et sa famille pendant que Mino était à leurs côtés. Il nous raconte la disparition brutale de Mino, leur chat, un membre à part entière de leur famille. Universel car Xavier de Moulins nous donne les clés qu’un chat nous délivre quand il rentre dans notre vie. Un chat est un être vivant à part entière. D’ailleurs, le chat n’est-il pas un animal sacré dans l’Égypte ancienne? Tout est dit non? Un chat est calme, serein, ne s’occupe que de son bien-être et il sait être présent quand il le faut. Un chat vit sa vie comme il l’entend et cela est une réelle sagesse. Comme le dit si justement l’auteur, nous devrions tous prendre exemple sur les chats et arrêter d’attendre tout des autres mais vivons comme bon nous semble.

Dans « Le petit chat est mort », il est forcément question de mort, de perte. Xavier de Moulins nous raconte que la disparition de son chat a été une épreuve difficile et cela, je ne peux que le comprendre. Mais voilà, pour certains, un animal n’est pas grand chose, se remplace et surtout, il n’y a pas de raison de le pleurer. Ce que je plains ces personnes là qui n’ont pas eu la chance de connaître l’amour infini d’un animal et sa présence plus que bénéfique. C’est eux qui ne comprennent rien à la vie!! J’ai des animaux, j’ai perdu des animaux. Mes animaux font partie intégrante de ma famille. J’en prends soin et eux, prennent soin de moi. C’est un privilège d’avoir des animaux dans sa vie. On apprend tant d’eux et ils nous donnent tant. Dans un passage de son roman, Xavier de Moulins dit que sa belle-mère, quand elle a été hospitalisée, Mino, le petit chat, débarquait dans sa chambre sur les pointes et montait sur son lit lui lustrer les chakras. J’ai vécu sensiblement la même chose: quand j’ai été en réanimation, j’ai vu mon chat Chandler me rendre visite: il était sur la table en face de mon lit, couché, et il me regardait comme il le faisait en remuant sa queue. Je ne saurais pas l’expliquer mais je sais que je l’ai vu quand j’en avais le plus besoin! Toujours là quand il le faut!

« Le petit chat est mort » est un vrai coup de coeur et merci Xavier de Moulins de l’avoir écrit et de nous avoir donné la possibilité de rencontrer votre petit chat.

« Le petit chat est mort » de Xavier de Moulins chez Flammarion, 22 janvier 2020.

Le bal des folles.

« Le bal des folles »

de Victoria Mas

Un premier roman prometteur: « Le bal des folles » de Victoria Mas chez les éditions Albin Michel.

1885, l’hôpital de la Salpêtrière, beaucoup de femmes y sont enfermées pour diverses raison dont l’hystérie. Elles sont les patientes du professeur Charcot, spécialiste en neurologie. Elles sont de tout âge et principalement d’un milieu social pauvre. Tous les ans, à la mi-carême, la Salpêtrière organise un grand bal où la haute société parisienne se presse afin de voir ces femmes enfermées et en espérant assister à leur folie. Pendant quelques semaines avant ce bal, les femmes enfermées s’occupent à la préparation de ce bal dans une effervescence joyeuse.

« Une toute nouvelle catégorie d’internées se forma dans les différents secteurs de l’enceinte: on les nomma hystériques, épileptiques, mélancoliques, maniaques ou démentielles. Les chaînes et les haillons laissèrent place à l’expérimentation sur leurs corps malades: les compresseurs ovariens parvenaient à calmer les crises d’hystérie: l’introduction d’un fer chaud dans le vagin et l’utérus réduisait les symptômes cliniques; les psychotropes – nitrite d’ample, éther, chloroforme – calmaient les nerfs des filles; l’application de métaux divers – zinc et aimants – sur les membres paralysés avait de réels effets bénéfiques. »

J’ai attendu avant de lire ce roman. Attendu que l’effervescence redescende. Attendu pour pouvoir l’apprécier. Attendu pour continuer à en parler encore un peu. Attendu de pouvoir rencontrer Victoria Mas. Je devais lire « Le bal des folles » car le sujet de l’hystérie m’est familier. En effet, c’était le sujet de mon oral pour mon diplôme donc j’ai étudié l’hystérie au cours des siècles avec toutes ses différentes définitions.

Pour moi, ce roman est un bon premier roman. L’auteure m’a emportée facilement dans les couloirs de la Salpêtrière, ce bâtiment imposant, chargé d’âmes. J’ai aimé partir à la rencontre de Louise, cette jeune femme star des séances d’hypnose de Charcot; Geneviève, l’infirmière intendante depuis tellement d’années; Eugénie, la bourgeoise qui entend les morts; et Thérèse, la tricoteuse. Ces femmes enfermées le plus souvent sans leur consentement. Ces femmes incomprises par la société qu’on préfère cacher. Ces femmes qui n’ont pas leur mot à dire. L’auteure relate les conditions de vie de ces femmes mais aussi des femmes dans la société des années 1880 et la pression des hommes sur elles. Et il y a Charcot, forcément associé à toutes ces femmes. Ce professeur de neurologie qui veut soigner ces patientes par des méthodes plus ou moins convaincantes mais c’était l’époque qui voulait ça. Charcot idolâtré aussi bien par ses patientes que par ses confrères et tout Paris. Et ce fameux bal de la mi-carême où c’est au final un spectacle, un spectacle auquel assiste la haute parisienne qui veut voir de plus près ces « folles », assister à un épisode de leur folie, les regarder comme des bêtes curieuses alors qu’elles, ces femmes, sont enjouées de participer à ce bal qu’elles en oublient pendant quelque temps leur propre folie. Victoria Mas livre une fresque de quelques semaines de la vie entre les murs de la Salpêtrière où la joie côtoie le chagrin, où l’envie de liberté côtoie l’envie de rester, où l’amour côtoie la haine, où le sourire côtoie les larmes, où la folie n’est pas celle qu’on croit!

Victoria Mas a écrit un roman documenté, inspiré avec lequel j’ai passé un agréable moment de lecture. Le style est simple et enrichi. Simple dans l’écriture, dans la manière de raconter mais qui permet justement de mieux appréhender l’histoire, les enjeux, l’époque, Charcot. Enrichi par la connaissance des lieux, des expériences médicales, des « folies », des femmes. « Le bal des folles » est un roman dans lequel on apprend, dans lequel on se prend d’une véritable empathie pour toutes ces femmes. Victoria Mas a écrit pour moi un bon premier roman.

« Le bal des folles » de Victoria Mas chez Albin Michel, 21 août 2019.