La mythomane du Bataclan.

« La mythomane du Bataclan »

de Alexandre Kauffmann

Une histoire vraie racontée par Alexandre Kauffmann, « La mythomane du Bataclan » chez les éditions Goutte d’Or.

Lendemain des attentats du 13 novembre 2015 au Bataclan, Florence ou « Flo Kitty » s’immisce auprès des victimes de ces attentats au nom de son meilleur ami Greg blessé au Bataclan. Elle prend une place très importante au sein de l’association Life for Paris jusqu’à en devenir salariée. Mais personne n’a rencontré Greg, cet ami victime. Des doutes apparaissent. La police est prévenue. Une enquête est ouverte.

« Life for Paris est devenu sa deuxième famille. Une famille de cour, où l’on se comprend d’un mot. En tant que bénévole, elle a pu mesurer combien la page secrète était précieuse pour les rescapés. Ils peuvent s’y exprimer en toute liberté, sans peur d’être jugés. Flo est prête à s’investir corps et âme pour soutenir les survivants dans cette épreuve, même su une maladie la vide progressivement de ses forces. »

J’ai été captivée par « La mythomane du Bataclan ». J’ai été scotchée à mon livre. Non mais quelle histoire!! Une histoire de mensonge, de mythomanie, d’escroquerie. Une histoire liée aux attentats du Bataclan même si les prémices datent de 20 ans plus tôt. Alexandre Kauffmann, journaliste, a mené l’enquête sur cette « Flo Kitty ». Il est remontait aux sources de sa mythomanie. Il nous livre les faits, rien que les faits. Il n’y a aucun jugement ou partie pris dans ce récit. En fait, c’est à nous lecteur de se faire une idée de Florence: une victime, une malade, une manipulatrice, une escroc, un danger. Peut-être tout à la fois…

Je savais déjà l’humain doté des pires vices mais aller jusque là… J’avoue que cette histoire est si énorme qu’elle pourrait ne pas paraitre vraie… Lire « La mythomane du Bataclan », c’est se dire que non, ce n’est pas vrai. Se demander comment les autres ne peuvent pas voir qu’elle ment. Comment les fonds d’aide aux victimes peuvent donner aussi facilement de l’argent. Se dire que les réseaux sociaux facilitent vraiment le mensonge, la création de fausses personnes. S’interroger sur les raisons de cette escroquerie. Se dire que Florence est une victime, qu’elle croit réellement à ce qu’elle dit, invente, que c’est désormais sa vie, fausse mais sa vie. À force de mentir, Florence croit ce qu’elle dit, elle s’en persuade elle-même donc les autres n’y voient que du feu. Elle est entrée dans un cercle vicieux où les mensonges s’intensifient et où surtout, elle a réponse à toutes les situations. Et cette histoire va jusqu’à l’escroquerie contre l’État et tout cela, en étant seule aux manettes des mensonges.

Dans « La mythomane du Bataclan », il y a les vraies victimes du terrorisme qui vont devenir aussi les victimes de Florence. C’est un peu une double peine pour eux qui lui ont donné leur confiance. Les conséquences sont lourdes pour tous ceux qui ont eu le malheur de croiser son chemin.

Un récit dingue. Une histoire vraie. Un livre à découvrir absolument.

« La mythomane du Bataclan » de Alexandre Kauffmann chez Goutte d’Or, 06 mai 2021.

I am, I am, I am.

« I am, I am, I am »

de Maggie O’Farrell

Mon premier Maggie O’Farrell, « I am, I am, I am » chez les éditons Belfond.

Maggie O’Farrell nous livre une autobiographie, une biographie des moments les plus importants de sa vie, ces moments où elle a frôlé la mort.

« Frôler la mort n’a rien d’unique, rien de particulier. Ce genre d’expérience n’est pas rare; tout le monde , je pense l’a déjà vécu à un moment ou à un autre […]. Prendre conscience de ces moments vous abîme. Vous pouvez essayer de les oublier, leur tourner le dos, les ignorer: que vous le vouliez ou non, ils vous ont infiltré et se logeront en vous pour faire partie de ce que vous êtes, comme une prothèse dans les artères ou des broches qui maintiennent un os cassé. »

Ce roman est un coup de coeur. Je ne lis pas d’autobiographies mais j’ai été attiré par celle de Maggie O’Farrell car ce sont plutôt des instantanés de sa vie, dix-sept moments forts de sa vie, dix-sept évènements qui auraient pu lui être fatal. Et je découvre avec « I am, I am, I am » l’écriture de Maggie O’Farrell, une très belle découverte.

Maggie O’Farrell raconte avec sincérité, pudeur les moments de sa vie, ceux qui l’ont fait voir la mort de bien trop près. Elle les raconte sans fatalité. Ils vont partie d’elle et ils l’ont construite dans sa tête, son mental; dans sa peau, ses muscles; dans sa croyance, sa relation avec les autres; dans son rôle de maman, d’épouse, de femme; et surtout dans son rôle d’auteure. C’est fou d’avoir vécu autant de drames dans une seule vie et quelle résilience elle porte en elle pour être autant attentive et pour écrire de si jolis mots.

Dans « I am, I am, I am », Maggie O’Farrell nous livre son récit, le récit de sa vie ponctué de drames. Mais surtout, elle nous montre que nous sommes capables d’avancer, capables d’affronter le pire et toujours profiter. Maggie est une voyageuse, une exploratrice des autres, une aimante. Elle nous livre ses introspections par apport à son vécu. Elle nous dit que tout cela a fait et fait la femme qu’elle est et surtout l’auteure qu’elle est. C’est beau. C’est puissant. C’est un modèle. Et je vais partir à la découverte de ses romans très vite!

« I am, I am, I am » de Maggie O’Farrell, traduit par Sarah Tardy, chez Belfond, 07 mars 2019.