Le Cercle des derniers libraires.

« Le Cercle des derniers libraires »

de Sylvie Baron

Je découvre Sylvie Baron avec « Le cercle des derniers libraires » chez les éditions J’ai lu.

Le Cercle des derniers libraires est une association créée par une jeune libraire afin de défendre les libraires indépendants face au géant Amazon. Mais de mystérieux meurtres de libraires font peur à cette association. Adrien Darcy, un journaliste sportif en convalescence, est envoyé par son journal pour mener l’enquête sur le meurtre de trois libraires faisant partie de cette association.

« Les jours les plus clairs, elle se voyait même en véritable passeur de mots, quelqu’un qui affirmait librement ses choix littéraires tout en instaurant un lien privilégié avec des lecteurs en partageant avec eux toutes ses découvertes. Un bon libraire, après tout, devait connaître autant ses livres que ses clients, leur goûts, leurs attentes. Elle se sentait de cette veine-là, surtout au moment de la rentrée littéraire, quand les titres s’avéraient aussi nombreux et variés que les demandes de son public. »

Sylvie Baron a écrit un livre sur l’amour qu’elle porte aux librairies indépendantes. Elle raconte les difficultés qu’elles ont à garder le cap, l’énergie dont les libraires déploient pour transmettre leur passion aux lecteurs. Elle montre également leurs difficultés financières dont elles doivent faire face. Elle prouve, si certains en doutaient encore, de la nécessité d’avoir une librairie dans les petites villes. Les librairies y sont un repère, un lieu social. Sans oublier Amazon que combattent les libraires et dans « Le Cercle des derniers libraires », ils se sont regroupés en association afin de partager leurs galères et leur bon plan, ils se soutiennent. 

À côté de cela, le roman raconte une enquête, une enquête sur le meurtres de trois libraires indépendants. Et quoi de mieux que d’avoir un journaliste qui ne lit absolument pas et dont le nom est celui d’un célèbre personnage de roman pour mener l’enquête avec une jeune libraire, Adrien Darcy et Emma Pélissier. L’auteure nous embarque avec elle et son duo à la recherche du meurtrier et du mobile. Les indices défilent, tout comme les potentiels meurtriers. Le lecteur est mener en bateau en pensant découvrir le meurtrier et pis non! Pendant cette enquête, l’amour va faire son apparition. Le lecteur va tomber sous le charme d’un petit garçon qui se réfugie dans les histoires car il n’a pas la vie d’un petit garçon. Il ne faut pas oublier que les libraires de l’association sont tous des cibles potentielles et qu’elles doivent rester prudentes! Une super enquête se déroule dans « Le Cercle des derniers libraires » avec tout ce qu’il faut comme ingrédients!

Sylvie Baron a une plume prenante, fluide qui donne envie d’en savoir plus. On sent qu’elle a mené son enquête concernant la réalité du métier de libraire, qu’elle a mis beaucoup dans ses personnages avec de l’humour, de l’amitié, et de l’amour! « Le Cercle des derniers libraires » fera le bonheur des amoureux des livres et les défendeurs des librairies indépendantes!

« Le Cercle des derniers libraires » de Sylvie Baron chez Je l’ai, 16 septembre 2020.

Le monde au balcon.

« Le monde au balcon »

de Sophie Lambda

Un carnet croqué par Sophie Lambda chez les éditions Albin Michel« Le monde au balcon ».

J’avoue: je ne connaissais pas Sophie Lambda avant de découvrir « Le monde au balcon »… Mais ça , c’était avant!!!

J’avoue encore: les livres sur le confinement et autres ne vont pas faire partie de ma pal… Mais ce « carnet dessiné d’un printemps confiné »est l’exception qui confirme la règle!

Dans ce carnet, Sophie Lambda croque son confinement mais son confinement est notre confinement aussi. On ne peut que se retrouver dans plusieurs situations que Sophie a dessiné. Faire la cuisine. Les apéros zoom. Les tenues vestimentaires les plus improbables. le ménage. Je suis sûre que cela parle à beaucoup!! J’ai souri à la découverte de plusieurs situations! Mais Sophie n’en oublie pas les moments difficiles: la solitude, la peur, l’isolement, l’ennui. Et aussi, et il faut retenir cela, les jolis moments comme la nature qui s’est réveillée, les actions de solidarité et les petites choses habituellement insignifiantes mais qui prenaient une saveur joyeuse lors de cette période inédite, impensable, presque surréaliste. Surréaliste avec la pénurie de papier toilette, les attestations à remplir pour mettre le nez dehors, ces nouveaux sportifs!

Dans « Le monde au balcon », Sophie croque des moments de vie, et elle insère aussi des photos, des captures d’écran, des images réelles même si elle n’avait pas besoin car ses dessins sont vraiment réalistes! Tout cela, Sophie Lambda le fait avec humour, empathie, sincérité et humilité. C’est réjouissant car cela permet de dédramatiser beaucoup ces mois bizarres que nous avons tous vécus!! Son carnet n’en est pas larmoyant et j’ai pris plaisir à le découvrir. Comme beaucoup de mes copains, ce carnet sera un album souvenir pour ne pas oublier. Ne pas oublier la solidarité. Ne pas oublier la nature qui reprenait vie. Ne pas s’oublier. C’est cela que je veux retenir!!!

PS: désolée Sophie mais c’est moi la plus grand fan de Friends!!! Il suffit de demander à Phoebe, Ross et Monica qui vivent avec moi!!!!

« Le monde au balcon » de Sophie Lambda chez Albin Michel, 2 septembre 2020.

Les imbattables.

« Les imbattables »

de Sarah Maeght

« Les imbattables » de Sarah Maeght, chez les éditions JC Lattès, est une jolie découverte.

Victoire est étudiante en Lettres et le reste su temps, elle fait du baby-sitting. Elle garde Basile, neuf ans. Ils sont différents sur beaucoup de points mais quand Basile rate le bus pour la sortie scolaire qui lui tenait très à coeur, Victoire va devoir s’occuper de lui toute la semaine. Une semaine qui va changer beaucoup de choses pour chacun.

« C’est elle qui a raison. On croit toujours que tout le monde nous observe et nous juge, mais c’est faux. Les gens sont trop occupés à se demander à quoi ils ressemblent eux-mêmes. Une fois qu’on a compris ça, on va mieux. Moi je l’ai compris, mais j’oublie tout le temps. »

Ce roman ne peut que toucher celui qui le lira. Sarah Maeght m’a fait entrer dans le monde de deux personnes, deux personnes tellement attachantes, sensibles, singulières, aimantes. Ce sont Basile et Victoire. Basile, un petit garçon de neuf ans, un garçon différent s’il est possible d’utiliser ce terme car qu’est-ce réellement la différence? Basile est sans filtre, curieux, intelligent, franc. Basile est un garçon qui a du mal à trouver sa place. Il a des tocs et aime Prévert, étonnant non? Et Victoire est une jeune femme de vingt-trois ans. Une étudiante qui doit gérer ses études et son petit boulot pour pouvoir vivre. Elle est seule, vole et un peu perdue. Les deux s’entendent très bien, ont une jolie complicité, complicité qui va se renforcer lors de leur semaine ensemble, semaine pendant laquelle ils vont vivre de sacrés aventures! 

Dans « Les imbattables », Sarah Maeght aborde des thèmes assez difficiles: la différence, le harcèlement scolaire, la vie difficile des étudiants, l’absence des parents. L’auteure nous en parle par l’intermédiaire des deux personnages et cela est naturel, fluide dans l’histoire. La plume de Sarah ne peut qu’enchanter le lecteur de part sa sensibilité, ses mots touchants, sa tendresse. En lisant « Les imbattables », j’ai souri, eu la larme à l’oeil. J’ai voulu aider Basile et Victoire. J’ai eu envie de les accompagner pendant leur semaine incroyable. Et il faut également mettre en avant les personnages secondaires, Allison et Adam, qui ont aussi une jolie place dans cette belle histoire d’entité. Lire « Les imbattables », c’est passer un très bon moment de lecture qui passe trop vite avec des personnages qu’on aimerait connaître. Lire « Les imbattables », c’est tomber amoureux de la plume de l’auteure et en vouloir encore plus d’elle. « Les imbattables » est un très joli roman à découvrir!

« Les imbattables » de Sarah Maeght chez JC Lattès, 07 octobre 2020.

Sous le parapluie d’Adélaïde.

« Sous le parapluie d’Adélaïde »

de Romain Puértolas

Une valeur sûre les romans de Romain Puértolas et cela se confirme avec « Sous le parapluie d’Adélaïde » chez les éditions Albin Michel.

Dans la ville de M, Rose Rivières est assassinée le matin du 25 décembre au milieu de la foule pendant le spectacle de Noël. Personne n’a rien vu si ce n’est la personne qui se trouvait sous le parapluie d’Adélaïde. Mais qui est-elle? Qui est cette Adélaïde? Qui a tué Rose?

« C’est alors que je le vis. Cela me fit l’effet d’un tour de magie dans lequel tout le monde regarde la main droite qui agite un mouchoir dans les airs alors que c’est la gauche qu’il faut observer, celle qui se glisse dans le revers de la veste, tire une colombes d’une poche secrète et la mêle à la main droite pour que l’on croie qu’elle sort du mouchoir. Oui, cela me fit l’effet de voir quelque chose que personne d’autre que moi n’avait vu, l’effet de voir le truc du prestidigitateur, son secret, et ce fut un choc. »

Une nouvelle fois, Romain joue avec son lecteur. Il lui donne des petits bouts d’indice, l’envoie dans une direction puis dans une autre. Il lui fait croire qu’il a compris. Mais non, le lecteur n’aura pas compris jusqu’à ce que l’auteur le décide et lui donne les clés de l’énigme. Dans « Sous le parapluie d’Adélaïde », il y a un meurtre. Oui Romain aime ça le meurtre. Il y a une enquête. Oui Romain aime mener l’enquête. Et dans ce roman, c’est une femme qui va mener l’enquête, une avocate commise d’office, Martine, une toute jeune avocate. Et il faut aussi préciser que tout cela se déroule dans les années 20 donc une vrai enquête sur le terrain!!

Il y a encore plus dans ce dernier roman de Romain Puértolas. Il nous parle de la femme en campagne, de sa vie dans les années 20. Rose, son personnage assassiné, est une femme malheureuse dans son couple, dans sa vie. Elle reste à la botte de son mari sans espoir. Dans « Sous le parapluie d’Adélaïde », Romain nous confronte à ses personnages grâce à l’avocate. Le lecteur est au plus près de chacun et connaît leurs vies. Et quand Rose est évoquée, les passages la concernant sont dures, tristes car on sent une femme qui ne peut se libérer des liens de son mari. Il y a énormément d’humanité dans ce roman avec Rose mais avec aussi Michel, l’accusé. Michel qui lui aussi a une vie difficile. Monique, l’avocate, qui doit se battre pour faire valoir son métier, pour se faire valoir. Romain Puértolas a mis au coeur de son roman des personnages puissants qui nous donnent envie de les sauver. C’est fort, émouvant, réel et encore d’actualité. 

Oui on se laisse prendre au jeu de l’enquête, au jeu de Romain. Oui on peut deviner le coupable mais deviner comment il a fait, non. Oui la fin est surprenante et on aurait aimer une autre fin. Oui Romain a su encore nous mener à la baguette. Oui les pages se tournent toutes seules. Oui « Sous le parapluie d’Adélaïde » est un super roman. Romain Puértolas a su une nouvelle fois écrit un bon roman et surtout lisez les remerciements!

« Sous le parapluie d’Adélaïde » de Romain Puértolas chez Albin Michel, 30 septembre 2020.

Les dédicaces.

« Les dédicaces »

de Cyril Massarotto

Un coup de coeur pour le roman de Cyril Massarotto, « Les dédicaces », chez les éditions Flammarion.

Claire ne possède que des livres dédicacés mais non dédicacés à elle. En effet, Claire fait le tour des bouquinistes pour acheter des livres dédicacés. D’ailleurs, elle tombe sur une dédicace qui la perturbe: une dédicace qui ne va pas du tout avec le roman en lui même. Elle décide donc de partir à la recherche de cet auteur.

« Ce que Frédéric a fait est inacceptable; et je ne prends pas cela de manière personnelle, non, moi je m’en fiche, je dis ça pour lui, c’est tellement peu professionnel de faire des dédicaces pareilles pour quelqu’un qui s’est déplacé à une rencontre, vous a écouté, posé une question, et a dépensé dix-huit euros pour vous. Dans le cas d’un auteur populaire signant des livres à la chaîne lors d’un salon du livre façon salon de l’agriculture à la limite; mais là! Frédéric tu n’es encore personne, en littérature, et tu devrais soigner ton lectorat, sinon tu deviendras jamais quelqu’un. Il n’y a eu personne pour te l’expliquer, ça? »

« ‘Les dédicaces » est un livre qu’il faut lire en étant ouvert d’esprit!! Il faut surtout le prendre avec ironie sinon ça va faire mal!! Mais que j’ai aimé le lire, suivre Claire et sa manie de collectionner les livres dédicacés pour les autres (quelle drôle d’idée!), entrer dans le monde littéraire par la petite porte! Ce monde littéraire que l’auteur se fait un malin plaisir à égratigner et cela est drôle!! Tout le monde y passe et c’est sincèrement joyeux à découvrir: les éditeurs, les auteurs, les libraires et les blogueurs! Franchement j’ai beaucoup ri et je suis devenue accroc à ma lecture. Cela fait du bien de voir un auteur qui ose avec humour et ironie. Qui ose parler des grands « vendeurs de livres ». Qui ose parler des libraires pas vraiment là pour conseiller. Qui ose s’en prendre aux blogueurs. Je suis sûre que cela a dû faire grincer quelques dents mais ceux là ont-ils l’ouverture d’esprit nécessaire pour lire « Les dédicaces »? 

Dans « Les dédicaces », Cyril Massarotto parle aussi d’amour. L’amour que les lecteurs portent aux livres. L’amour de Claire pour l’objet papier. L’amour de Claire pour sa recherche des livres dédicacés car les dédicaces ont une histoire et cela rend unique le livre. L’amour de Claire avec Frédéric, l’auteur dont elle est partie à la recherche suite à une dédicace. L’auteur met en avant les relations de couple. Il met en avant les relations entre les lecteurs et les auteurs. C’est un roman profondément humain. C’est un roman dont j’ai saisi la teneur. Un roman dans lequel je me suis retrouvée concernant les dédicaces et le petit truc que les lecteurs ressentent en les lisant. J’ai saisi ce que voulait exprimer l’auteur en parlant des Musso et Lévy. Tout cela j’ai compris car j’ai su le lire comme il le faut! « Les dédicaces » est un roman qui ne se lâche plus une fois commencé. C’est un roman dont la lecture est un petit délice. Un roman dont l’écriture est incisive, perspicace et drôle!

Je ne peux que conseiller « Les dédicaces » pour les amoureux des livres. Pour ceux qui aiment oser. Pour ceux qui croient en l’humour. Pour ceux qui aiment les dédicaces!!!

« Les dédicaces » de Cyril Massarotto chez Flammarion, 09 septembre 2020.

 

Le lièvre d’Amérique.

« Le lièvre d’Amérique »

de Mireille Gagné

Un super roman: « Le lièvre d’Amérique » de Mireille Gangé chez les éditions La Peuplade.

Diane veut être de plus en plus productive dans son travail, travail qui est tout pour elle. Elle va subir une opération inédite qui est censée décupler ses forces, son attention, sa productivité. Mais Diane va ressentir des effets assez troublants, des effets animaliers suite à l’opération.

« Pour calmer son anxiété de performance et économiser des secondes Diane compte perpétuellement le nombre de pas séparant son appartement de son travail de marches entre chacun des étages de secondes entre son bureau et celui de la femme qu’elle déteste le temps que ça lui prend pour remplir une bouteille d’eau d’attendre chez le médecin que le photocopieur finisse sa phase de réchauffage elle compte les aliments absorbés par chaque aliment et dépensées sur le vélo stationnaire les murs qui l’entourent les lumières dans son appartement son bureau les craques sur les trottoirs les lettres dans chaque mot qu’elle écrit. »

Voilà un premier roman québécois captivant, intriguant, poétique. Mireille Gagné a écrit une fable. Une fable dont seuls les québécois ont le secret. Une fable dont les mots percutent, dont la ponctuation s’efface, dont le rythme est dense. Mais attention, ici, ce n’est pas une fable comme nous connaissons. « Le lièvre d’Amérique » est une fable qui parle des travers de notre société, ce travers de la compétence, du toujours mieux et plus vite. Et quelle idée incroyable qu’a eu l’auteure de s’appuyer sur la légende de Nanabozo, légende que je vous laisse découvrir à la fin de ce court mais puissant roman.

Dans « Le lièvre d’Amérique », Mireille Gagné explore la métamorphose de Diane par le biais d’une opération. Une métamorphose afin d’être plus productive, plus rapide, plus plus plus. Le lecteur assiste à ce changement, découvre avec Diane tout le bouleversement que subit son corps et je ne peux que penser à « La métamorphose » de Kafka (et cela me ravit). Avec en parallèle, la découverte du lièvre d’Amérique, l’animal puissant et rapide. Le lecteur en apprend beaucoup sur cet animal. Et fait forcément le lien avec ce que vit Diane. Le parallèle est posé. Évidemment, l’auteure veut nous faire comprendre Diane et sa vie de maintenant, à ce qu’il lui arrive en nous parlant de son adolescence et de ce qu’elle a vécu. Trois parties dans un court roman. Cela est ambitieux, audacieux et surtout cela fonctionne. L’auteure a un réel don pour raconter une histoire captivante, un don pour nous apprendre des choses, un don pour nous captiver pendant 138 pages!

« Le lièvre d’Amérique » de Mireille Gagné chez La Peuplade, 20 août 2020.