Le lièvre d’Amérique.

« Le lièvre d’Amérique »

de Mireille Gagné

Un super roman: « Le lièvre d’Amérique » de Mireille Gangé chez les éditions La Peuplade.

Diane veut être de plus en plus productive dans son travail, travail qui est tout pour elle. Elle va subir une opération inédite qui est censée décupler ses forces, son attention, sa productivité. Mais Diane va ressentir des effets assez troublants, des effets animaliers suite à l’opération.

« Pour calmer son anxiété de performance et économiser des secondes Diane compte perpétuellement le nombre de pas séparant son appartement de son travail de marches entre chacun des étages de secondes entre son bureau et celui de la femme qu’elle déteste le temps que ça lui prend pour remplir une bouteille d’eau d’attendre chez le médecin que le photocopieur finisse sa phase de réchauffage elle compte les aliments absorbés par chaque aliment et dépensées sur le vélo stationnaire les murs qui l’entourent les lumières dans son appartement son bureau les craques sur les trottoirs les lettres dans chaque mot qu’elle écrit. »

Voilà un premier roman québécois captivant, intriguant, poétique. Mireille Gagné a écrit une fable. Une fable dont seuls les québécois ont le secret. Une fable dont les mots percutent, dont la ponctuation s’efface, dont le rythme est dense. Mais attention, ici, ce n’est pas une fable comme nous connaissons. « Le lièvre d’Amérique » est une fable qui parle des travers de notre société, ce travers de la compétence, du toujours mieux et plus vite. Et quelle idée incroyable qu’a eu l’auteure de s’appuyer sur la légende de Nanabozo, légende que je vous laisse découvrir à la fin de ce court mais puissant roman.

Dans « Le lièvre d’Amérique », Mireille Gagné explore la métamorphose de Diane par le biais d’une opération. Une métamorphose afin d’être plus productive, plus rapide, plus plus plus. Le lecteur assiste à ce changement, découvre avec Diane tout le bouleversement que subit son corps et je ne peux que penser à « La métamorphose » de Kafka (et cela me ravit). Avec en parallèle, la découverte du lièvre d’Amérique, l’animal puissant et rapide. Le lecteur en apprend beaucoup sur cet animal. Et fait forcément le lien avec ce que vit Diane. Le parallèle est posé. Évidemment, l’auteure veut nous faire comprendre Diane et sa vie de maintenant, à ce qu’il lui arrive en nous parlant de son adolescence et de ce qu’elle a vécu. Trois parties dans un court roman. Cela est ambitieux, audacieux et surtout cela fonctionne. L’auteure a un réel don pour raconter une histoire captivante, un don pour nous apprendre des choses, un don pour nous captiver pendant 138 pages!

« Le lièvre d’Amérique » de Mireille Gagné chez La Peuplade, 20 août 2020.

Une réflexion sur “Le lièvre d’Amérique.

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