À coeur ouvert.

« À coeur ouvert »

de Nicolas Keramidas

Un coup de coeur pour l’album de Nicolas Keramidas, « À coeur ouvert » chez les éditions Dupuis.

Nicolas, à 43 ans, va subir sa deuxième opération à coeur ouvert. Il a eu la première quand il avait un an et en a peu de souvenirs. Pour la deuxième, c’est différent. Il raconte tout: l’attente de la date de l’opération, les suites opératoires, le retour à la maison, la rééducation. Tout y est.

« À cour ouvert » a été entièrement écrit et dessiné par Nicolas Keramidas même si j’ai envie de dire qu’il a été écrit à deux car sa femme et lui ont tenu chacun un journal pour ne rien oublier, pour croiser leur ressenti. Et j’ai trouvé que c’était une bonne idée car dans ce genre d’épreuve, dans un couple, ce sont les deux qui doivent l’affronter. C’est donc un récit intimiste, sensible, vrai, touchant que nous conte Nicolas. Il élude rien: la douleur, la peur, les examens, les rencontres, l’attente, la convalescence, l’espoir, les envies, les désillusions, le traumatisme. Avec lui, je me suis revue vivre les mêmes choses: la décision de se faire opérer, une décision très difficile à prendre. Les suites opératoires avec la réanimation où, comme Nicolas, peu de souvenirs: je ne me souviens pas d’être aller en ambulance rencontrer un cardiologue, je ne me souviens plus des visites de ma famille et de mes amis, je ne me souviens pas du coma artificiel et de mon meilleur ami me tenant la main et être si triste de voir mon visage se tordre de douleurs. La rééducation où on apprend à se connaître et où chacun raconte ses soucis de santé dans la bonne humeur. Réapprendre à marcher, à manger doucement mais sûrement. Tout m’est revenu en lisant « À leur ouvert » même si on ne peut oublier. C’est pour cela que je peux affirmer que Nicolas Keramidas est sincère, fidèle dans son récit et que cela est profondément humain. Ça fait un bien fou car oui, c’est triste. Oui c’est pas facile. Mais surtout chacun est capable de surmonter cela. Nous avons tous la force nécessaire pour affronter le pire. Nicolas en est le parfait exemple et il a su en faire un super album sans édulcorer la vérité!

Les illustrations sont en total raccord avec le texte, avec le vécu. Nicolas Keramidas s’est dessiné avec toutes les émotions vécues. Il a dessiné son coeur malade. Les soignants. L’hôpital et ses couloirs. Ses enfants. Ses rencontres. La salle d’opération. Tout y est avec les couleurs adaptées à la situation. Ça fourmille de détails à ne pas rater. Tout cela sans oublier l’humour qui est essentiel dans ces moments là. L’auteur n’a pas oublié de raconter, illustrer le difficile mais aussi il a su y ajouter l’humour essentiel et super bien trouvé!! Du coup, on rit, on tremble, on espère, on souhaite avec Nicolas durant tout ces moments avant et surtout après l’opération. Sans oublier le personnel hospitalier où franchement, certains m’ont bien fait sourire!! 

« À coeur ouvert » est un album beau, sensible, humain, sincère et qui fera chavirer votre coeur!

« À coeur ouvert » de Nicolas Keramidas chez Dupuis, 29 janvier 2021.

Over the Rainbow.

« Over the Rainbow »

de Constance Joly

 « Over the Rainbow » de Constance Joly, chez les éditions Flammarion, est un coup de coeur, tout comme son précédent roman.

Constance raconte son père, ce professeur italien qui aimait toute la culture. Jacques va réussir à être lui, celui qui aime les hommes. Il va être un des premiers à mourir du sida au début des années 90.

« En rangeant le film super-huit, je dais que le moment est venu de trier mes souvenirs pour écrire ton histoire. Une histoire dont je serai la monteuse. La menteuse. Celle qui comble les vides, synchronise gestes et paroles. Celle qui rejoue le passé. Je connais la langue des absents. C’est toi qui me l’a apprise. »

J’avais déjà été touchée par Constance avec son premier roman et là encore, les mots de Constance ont résonné fort dans mon coeur. « Over the Rainbow » est une déclaration d’amour, une déclaration d’amour d’une fille à son papa disparu bien trop tôt, une déclaration d’amour qui se fiche de qui était Jacques. C’est beau. C’est criant d’amour, de fierté, de tendresse, de tristesse aussi. Constance nous raconte la vie de son papa, de son enfance, de sa vie d’adulte, de sa vie d’homme marié, de sa vie de papa, de sa vie d’homosexuel, de sa vie d’homme malade du sida. Constance dit tout, dit tous les souvenirs qu’elle a gardés en elle jusqu’à ce que cela prenne vie sur le papier. Jacques, son père, est un passionné qui va vivre, découvrir, profiter de la vie parisienne après avoir quitté Nice qui l’étouffait, une famille qui l’oppressait. Jacques va vivre dans le Paris culturel puis va avoir ce courage de devenir qui il est réellement avec heurts, douleur pour sa femme particulièrement. Il va aimer des hommes qui vont l’aimer en retour. Mais le sida fait son apparition et Jacques va y être confronté. Constance va accompagner son père jusqu’au bout. Avec Jacques, je me suis rappelée ce qui était dit sur le sida dans les années 90, sur toutes ces croyances totalement erronées, sur le regard des autres sur les malades, les noms donnés à cette maladie, l’évolution des traitements.

Quand j’ai ouvert « Over the Rainbow », je connaissais le fil rouge du roman mais je ne pensais pas que je serais aussi touchée par Jacques et Constance. J’ai fini ma lecture en larmes car à travers la chambre d’hôpital de Jacques, à travers le cri de Constance, je me suis revue dans la chambre de papa, je me suis souvenue de mon cri étouffée par mes larmes. Je ne pourrai pas mettre de mots sur ce que j’ai ressenti mais cela a été puissant pour moi, intense. Constance a écrit ce qu’elle avait envie d’écrire, naturellement, sans chichi, sans être larmoyant. Les mots de Constance sont poétiques, beaux, sensibles, ils nous prennent avec eux pour accompagner Constance et Jacques. Constance m’a émue. Constance m’a fait voyager avec Jacques. J’ai aimé son hommage à son papa. C’est une fille qui a aimé son papa, sans jugement. Elle lui a laissé son rôle de père entièrement et cela est juste magnifique. Par son roman, Constance m’a dit qu’elle désirait émouvoir et faire exister son papa. Tu as plus que réussi. Ton livre est un coup de coeur et merci de l’avoir écrit.

« Over the Rainbow » de Constance Joly chez Flammarion, 06 janvier 2020.

À rude épreuve.

« À rude épreuve »

de Élizabeth Jane Howard

« À rude épreuve » est le deuxième tome de la saga des Cazalet de Élizabeth Jane Howard chez les éditions Table Ronde.

La famille Cazalet se retrouve dans le Sussex dès septembre 1939 pour se mettre à l’abri de la guerre qui commence à faire rage. Les enfants de la famille sont mis en avant: Polly essaie d’échapper au silence de ses parents. Clary consigne tout dans ses carnets et élabore des stratégies par rapport à la disparition de son père. Louise fait ses débuts dans une troupe de théâtre de province et s’émancipe petit à petit. 

« Au repos, le visage d’Edward possédait une sorte de noblesse simple: le large front et les cheveux implantés en une pointe légèrement décentrée; le nez assez fort et aquilin, dont chaque narine s’ornait d’un poil soyeux et voluptueusement bouclé, seulement visible quand il penchait la tête en arrière; la légère rougeur sous les pommettes (il se rasait deux fois par jour quand il sortait le soir); et le menton avec sa petite fossette, qu’il taillait aussi minutieusement qu’une petite haie, dissimulait à peine sa longue et fine lèvre supérieure qui contrastait de manière si bizarre avec sa lèvre inférieure charnue. »

Quel plaisir non feint de me retrouver de nouveau dans le Sussex avec toute la famille Cazalet. Dans ce tome 2, l’auteure, Élizabeth Jane Howard, s’est principalement intéressée aux personnages féminins. Il y a les filles Cazalet, les cousines, Polly, Louise et Clary. Et aussi les femmes de la famille qui affrontent beaucoup d’épreuves dans « À rude épreuve »: Zoé qui donne naissance alors que son mari est porté disparu; Sybil qui doit faire face à de gros soucis de santé; la Duche qui doit gérer Home Place et tous ceux qu’elle accueille et gérer le quotidien en temps de guerre avec tout cela que ça implique: le rationnement, le froid dans une demeure mal isolée, les mauvaises nouvelles. Les chapitres sont consacrés aux jeunes cousines qui grandissent, s’interrogent beaucoup sur la vie, leurs sentiments, leur avenir en tant que femme. Elles découvrent l’amour mais se sentent bien seules dans cette découverte, elles ne peuvent que compter sur elles-mêmes et sur leurs amies comme Louise qui, de par ses cours de théâtre, change: elle se maquille, porte des pantalons, rencontre des hommes. D’ailleurs elle se confie totalement à Stella, son amie aussi novice qu’elle dans les relations amoureuses. Les personnages secondaires de ce fait sont beaucoup plus présents dans ce tome. L’auteure les a mis en avant et on ressent moins cette sensation de huis clos du premier tome. En effet, avec les personnages, nous allons de Home Place à Londres, en province accompagné Louise et sa troupe de théâtre. Nous allons aussi à la découverte des blessés de guerre et de leurs divers traumatismes.

À la lecture de « À rude épreuve », j’ai ressenti le poids que chacun porte par rapport à la guerre, par rapport à ses propres blessures, par rapport à ses rapports avec la famille ou amoureuses, le poids du silence, le poids de la mort. Ce que traverse toute la famille est difficile, pesant et la guerre devient un personnage à part entière car elle conditionne la vie de chacun. Mais grâce à la joie de vivre des enfants, à la candeur de Polly et Clary, à la volonté de Clary de croire fortement que son papa est toujours vivant, l’auteure nous livre une nouvelle fois une belle histoire de famille qui, malgré les épreuves, reste soudée avec beaucoup d’amour non dit mais que les gestes trahissent. Il y a beaucoup de pudeur et cette pudeur, l’auteure sait à merveille nous la conter à travers ses mots, ses descriptions. Il faut observer attentivement les gestes de chacun, ces gestes qui disent beaucoup et qui sont merveilleusement bien décrits. Dans « À rude épreuve », toute la famille Cazalet doit traverser des épreuves mais ils peuvent compter sur chacun en toute discrétion. Il y est question de la femme, de son émancipation, de l’amour, des premiers amours, de la vie, de la mort, du chagrin, de l’espoir, de la bienveillance, de l’attention. Bref, c’est une nouvelle fois une belle réussite que ce tome 2 avec encore une belle couverture de Mathieu Persan et une traduction parfaite de Cécile Arnaud.

« À rude épreuve » de Élizabeth Jane Howard, traduit par Cécile Arnaud, chez éditions Table Ronde, 08 octobre 2020.

Memory.

« Memory »

de Arnaud Delelande

Le dernier de la team thriller: « Memory » de Arnaud Delalande chez les éditions Cherche Midi.

Dans une clinique spécialisée, un patient est retrouvé pendu. Cela pourrait être un suicide qui se serait déroulé sous les yeux de huit témoins présents à ce moment là. Simple donc. Mais non car les huit témoins souffrent d’amnésie et leur mémoire ne dépasse pas les six minutes. Ils ne se souviennent pas de ce qu’il s’est passé. Jeanne Ricoeur, l’inspectrice, va donc devoir chercher à comprendre ce qui est arrivé dans cette clinique Memory.

« Jeanne revint à elle. Elle se sentit de nouveau très fébrile, angoissée. Elle avait toujours cette impression étrange de baigner dans un flou artistique. Ses yeux peinaient. La fatigue continuait de la submerger par vague, mais la nervosité liée à son enquête ne lui laissait pas de repos. Son corps refusait d’écouter les alertes de son cerveau, et elle restait sur les nerfs. Elle ne devinait que trop la nouvelle insomnie qui l’attendrait ce soir. L’insomnie, encore et toujours, et pas de whisky pour noyer ses plaies et les cautériser, cette fois. »

Après quelque temps laborieux dans mes lectures, je n’ai pas boudé mon plaisir d’avoir lu « Memory » en peu de temps. Et oui, j’ai été prise par cette enquête, par cette mort suspecte, par les huit patients de la clinique Harmonia, par Jeanne l’enquêtrice au passé douloureux. L’auteur, Arnaud Delalande, commence son roman en nous parlant de Jeanne, de son passé, de la mort de son père adoptif policier, de son mal être qu’elle tente d’oublier en buvant. Puis vient la clinique dans une forêt éloignée avec l’approche d’une tempête de neige, d’un mort pendu devant huit témoins. Voilà le décor est posé et franchement, trop facile comme enquête! Ha ben non car ces huit supers témoins ne se souviennent de rien mais rien de chez rien! Il y a donc un pendu et Jeanne va devoir déterminé si c’est un suicide ou un meurtre et dans ce cas découvrir le coupable sans l’aide de ces témoins sans mémoire!! J’avoue: j’ai bien aimé cette histoire de mémoire qui s’efface toutes les huit minutes et surtout l’auteur ne nous livre pas ça comme ça, il nous explique. J’ai donc appris sur la mémoire, son mécanisme, ses défaillances surtout dans le cas de ces patients du service Memory de la clinique Harmonia. Pour moi, ce thème de la mémoire est bien pensée et ça a bien dû agacer Jeanne quand elle a su que les témoins ne pourront rien lui dire. Avoir huit témoins et pas pouvoir les « exploiter », rageant tout ça!!

Arnaud Delalande livre beaucoup sur ses personnages. En effet, on sait à peu près tout sur Jeanne, sur son enfance, son métier, sa « dépression », son caractère volcanique. Mais également on connaît l’histoire des huit témoins: leur vie passé, l’accident qui a créé leur problème de mémoire, leur vie à la clinique, leur nouvelle vie sans mémoire. Et c’est là qu’on se dit que c’est chouette de se rappeler rien que notre déjeuner. L’auteur n’en oublie pas la famille des patients et de la répercussion sur eux aussi, répercussion qu’ils doivent gérer tant bien que mal. Et évidemment, l’ambiance huis clos au fond d’une forêt avec une tempête qui isole tout le monde, c’est digne d’en faire un téléfilm. J’ai visualisé cette ambiance grâce aux descriptions donnés par l’auteur. Dans « Memory », il n’y a rien d’époustouflant mais cela a été un très bon moment de lecture avec des personnages attachants et une idée d’histoire original qui a fonctionné sur la lectrice que je suis!

« Memory » de Arnaud Delalande chez Cherche-Midi, 14 janvier 2021.

Le plongeon.

« Le plongeon »

de Séverine Vidal et Victor L. Pinel

Une jolie bd sur le thème des EHPAD, « Le plongeon » de Séverine Vidal et Victor L. Pinel chez les éditions Grand Angle.

Yvonne, 80 ans, quitte sa maison pour entrer à l’EHPAD. Quel changement pour elle qui est encore indépendante. Un changement de vie pas des mieux accueillis. Mais elle va essayer d’en tirer le mieux et va rencontrer une belle bande de « vieux » aussi énergiques qu’elle.

Quel bouleversement dans la vie d’une personne quand celle-ci doit aller vivre en EHPAD, établissement hospitalier pour personnes dépendantes. Que c’est moche comme nom, surtout quand la personne âgée est encore indépendante mais qu’elle ne peut plus rester seule chez elle. C’est le cas d’Yvonne qui devient triste, morose voire méchante quand elle va habiter dans un établissement de ce type. Elle se retrouve dans une chambre impersonnelle, doit respecter les consignes et les horaires, est entourée de personnes déficientes, ne peut plus faire ce dont elle a envie. C’est difficile d’entrer en EHPAD. Mais au lieu de déprimer, Yvonne décide d’en prendre partie et elle va rencontrer une jolie bande de « vieux » aussi dynamiques qu’elle et marrants. Ensemble, ils vont conjuguer au mieux avec cette nouvelle vie et vont même être attentionnés avec les autres, ceux qui sont moins capables. Sans oublier le personnel médical dont Youssef, leur complice en quelque sorte. 

Dans « Le plongeon », Séverine Vidal évoque ce que tous redoutons. La vie en EHPAD est tout de même synonyme de vieillesse et plus. Elle parle de ce désarroi qui accompagne l’entrée dans l’établissement, la solitude qui se fait encore plus ressentir, la famille qui se fait beaucoup moins présente, la décadence de certains pensionnaires, une certaine privation de libertés. Ayant été en stage en maison de retraite, y avoir été pour visiter ma grand-mère, c’est un lieu qui m’a toujours apparue dénuer d’amour, de bien être. Il m’est difficile de voir nos aînés « abandonnés » tous ensemble. Avec Séverine, « Les mimosas » donnent une autre image mais qui me semble tout de même un brin idéalisée. En effet, le personnel soignant est aux petits soins (heureusement que cela arrive plus souvent que nous pouvons le penser), l’entraide entre pensionnaires est présent. Cependant, Séverine met en avant les visites familiales qui s’étiolent dans la durée et dans le temps, les personnes âgées qui perdent la tête et la difficulté pour les compagnes/compagnons de laisser leur moitié avec un sentiment de culpabilité. Ce qui m’a donnée espoir, c’est cette joyeuse bande de vieux comme j’aime à les appeler et cette jolie histoire d’amour que va vivre Yvonne qui prouve bien que l’amour n’a pas d’âge. Et pis j’ai adoré la fin!!! 

L’histoire que nous raconte Séverine Vidal est merveilleusement bien mise en dessin grâce à Victor L. Pinel. Ces dessins sont justes extraordinaires et comme il le dit dans une interview, cela était une première pour lui de dessiner des personnes âgées avec leurs rides, leurs corps qui changent, la vieillesse, surtout qu’il y a très peu d’exemples. Victor a su donner les bonnes expressions à chaque visage, les bonnes rides et surtout il a eu l’audace de dessiner des corps de personnes âgées nues et ces corps sont magnifiques. Tout est réel et c’est beau. J’ai découvert l’auteure et l’illustrateur avec cet album. J’ai trouvé que leur travail se complétait à merveille et que cela donnait vie aux personnages. C’est beau, c’est plein d’espoir mais sans cacher la vérité, c’est touchant, c’est sensible. Cela donne foi en ces établissements et je suis sûre qu’il y a des tas de Mimosas, il suffit de les trouver!

« Le plongeon » de Séverine Vidal et Victor L. Pinel chez Grand Angle, 13 janvier 2021.

Sigló.

« Sigló »

de Ragnar Jónasson

Je poursuis ma lecture des romans de Ragnar Jónasson avec son dernier, « Sigló », chez les éditions de la Martinière.

Le corps d’une adolescente est retrouvée dans la rue principale à Siglufjördur. L’inspecteur Ari Thór est chargé de l’enquête. Cela paraît être un suicide mais le doute plane surtout que dans une maison de retraite, un pensionnaire a écrit sur le mur de sa chambre « Elle a été tuée ».

« Encore et encore. Elle a été tuée. Ari fut traversé d’un frisson. Il s’approcha du mur pour observer l’inscription. L’écriture était irrégulière, proche du gribouillis, mais le message demeurait limpide. À l’image du chaos dans l’esprit d’un homme confus, le mur était presque entièrement recouvert de cette unique et même phrase. Hávardur savait-il quelque chose? Connaissait-il cette adolescente, ou peut-être simplement ses grands-parents? Avais-il reçu de la visite depuis que le corps avait été retrouvé? »

Une enquête policière en pleine tempête islandaise, thèmes favoris de l’auteur Ragnar Jónasson. Avec « Sigló », le lecteur plonge direct au creux de la tempête et va, avec l’enquêteur Ari, élucider la mort d’une adolescente. À cela s’ajoute une ambiance quasi de huis clos. Quasi car toute l’enquête se déroule dans la petite ville de Sigló, ville où tout se sait, où tout le monde se connait d’où cette sensation de huis clos accentuée par la tempête. Au premier abord, la mort de l’adolescente paraît être un suicide mais Ari n’en est pas convaincu et quand une ex-compagne le contacte pour des faits étranges dans la maison de retraite où elle travaille, Ari se demande si ce n’est pas un meurtre. Il va donc seul enquêter afin d’en être sûr. Alors qu’il a à coeur de résoudre cette énigme, son ex-femme avec son fils arrivent à Sigló. Ari va donc devoir enquêter, passer du temps avec son fils et essayer de renouer avec son ex mais c’est sans compter la réapparition de son ex-compagne. Non pas de panique, Ari va mener tout ça de front comme il en a l’habitude!

L’auteur a une nouvelle su emmener son lecteur dans son Islande, lui faire vivre une nouvelle fois une tempête, une enquête où toutes les pistes sont évoquées et étudiées, où la vie personnelle est bien présente car Ari n’est pas qu’un enquêteur. Il n’y a ni sang, ni poursuite en voiture. L’auteur nous plonge dans la tranquillité de l’Islande et tout ce fait au rythme de la tempête qui approche. Dans ce dernier opus des enquêtes de Ari, on en sait plus sur lui, sur sa vie de famille, famille séparée, sur ses attentes. Tout en menant l’enquête, il ne va pas délaisser sa vie familiale. Ari est un homme avant tout même si son métier est important pour lui. C’est bien d’en avoir plus, de le voir se questionner et arriver à tout concilier. Comme d’habitude, Ragnar Jónasson sait distiller les indices pour la résolution de l’enquête et tout cela petit à petit (il ne faut pas précipiter les choses!). Le lecteur participe forcément à des suspicions pour au final avoir une sacré surprise!! Ils sont forts ces auteurs nordiques!!

« Sigló » de Ragnar Jónasson chez la Martinière, 09 septembre 2020.