Suiza.

« Suiza »

de Bénédicte Belpois

Grâce aux « 68 Premières Fois », j’ai pu découvrir le premier roman de Bénédicte Belpois, « Suiza », chez les éditions Gallimard.

Tomás est un agriculteur de quarante ans, veuf, vivant en Espagne. Suiza est une très belle jeune femme qui s’est enfui de son foyer pour voir la mer. Suiza ne parle pas espagnol, elle est un peu bête mais travaille bien dans le bar du village. Tomás, dès qu’il l’a vue, n’a eu qu’une obsession, la posséder au sens propre et figuré.

« Ta seule crainte devrait être qu’un jour, un homme plus jeune et plus fort que toi ne te l’enlève comme tu l’as enlevée à Álvaro. Il ne tient qu’à toi que le corps de cette femme ne soit plus une conquête, la récompense d’une victoire. Libère-la de cette fausse liberté qui l’enchaîne au bon vouloir d’un puissant, possède-la plus encore aux yeux du monde, je te le dis. Tu sais comme ici les symboles ont valeur de lois. Tu mettras ton nom sur elle et paradoxalement tu lui enlèveras une partie de ses chaînes. »

Quel premier roman!! Quelle histoire!! Quelle écriture!! « Suiza » est un roman violent: violent dans les actes, violent dans les sentiments, violent dans les relations. « Suiza » n’est pas un conte de fées. « Suiza » est un roman difficile, où les choses écrites ne sont pas toutes évidentes à lire, où rien n’est épargné au lecteur. « Suiza » est d’une réalité totalement déconcertante au final, réalité choquante mais qui existe. Dans « Suiza », il y est question de terres agricoles, de foyer de jeunes filles, de village espagnol où tout le monde se connaît, de possession, de maladie, de famille, d’amour. L’auteur, Bénédicte Belpois, nous raconte sa « Suiza » à la première personne et c’est Tomás le narrateur ce qui rend le récit très masculin, rustre comme l’est Tomás avec sa vulgarité, sa brutalité.

« Suiza » est un roman violent, violent aussi dans l’amour, l’amour que porte Tomás à Suiza. Cet amour, il lui exprime de sa propre manière: rustre, brutale mais sincère. Bénédicte Belpois nous livre une autre façon d’aimer qui peut choquer, interpeller mais quand le lecteur approfondit sa lecture, cet amour est sans chichis, sans fioriture, un amour que nous n’avons pas l’habitude. Les deux personnages, Tomás et Suiza se sont bien trouvés car chacun à sa manière va sauver l’autre et va l’amener à se réaliser, à s’accomplir. Les deux se trouvent bien dans cette relation. Au fur et à mesure de ma lecture, je n’ai plus ressenti cette violence du début mais j’ai éprouvé de l’affection pour aussi bien Suiza et Tomás car ils se sont apprivoisés, ils se sont donnés mutuellement leur confiance, ils ont su créer leur propre histoire avec leurs propres codes à eux. Cet amour est ce qui leur reste et c’est ce qui leur permet d’avancer en oubliant le passé. J’ai aimé « Suiza » de part son originalité du point de vue de l’histoire, du lieu, des personnages atypiques, de la terre agricole, des sentiments, de la dureté et de l’amour. Bénédicte Belpois a écrit un premier roman sensible. Sa plume a su me captiver et malgré certaines scènes, j’ai été conquise, et admirative du récit de l’auteure, de son audace qui a fait mouche pour moi!!

« Suiza » de Bénédicte Belpois chez Gallimard, 07 février 2019.

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