Un monde à portée de main.

« Un monde à portée de main »

de Maylis de Kerangal

Grâce aux Matches de la Rentrée Littéraire 2018, j’ai eu le plaisir de lire « Un monde à portée de main » de Maylis de Kerangal des éditions Verticales.

Paula, la vingtaine, décide d’entrer dans une grande école bruxelloise, l’école de la rue du Métal, spécialisée dans la peinture de décor. Elle va y apprendre les techniques bien spécifiques du trompe-l’œil. Durant ses études, Paula va vivre avec Jonas, en colocation, et va être amie avec Kate, une écossaise qui passe pas inaperçue. Les trois vont vivre en vase clos durant leur année à cette école et vont découvrir ensemble ce métier si particulier…

« Les élèves de la rue du Métal constituent dès lors une petite société à eux seuls, connectée à la matière du monde mais repliée dans quelques rues de la ville et astreinte au vase clos, le travail laissant peu de loisir pour nouer des relations hors des murs de l’école et chacun ayant compris l’avantage qu’il y a à chercher des ressources sur place plutôt que de prendre du temps à battre la campagne. Des liens souterrains se tissent ainsi dans l’école, des liens amoureux, amicaux, sexuels, des inimitiés aussi, des liens de plus en plus serrés à mesure que passent les semaines, formant un réseau de plus en plus dense, de plus en plus actif, si bien que l’école trouve sa forme organique et fonctionne désormais comme un écosystème. »

« Un monde à portée de main » est mon premier roman de Maylis de Kerangal. La première fois que je l’ai ouvert, je n’arrivais pas à entrer dans le roman… C’était pas le bon moment pour moi… Je l’ai donc reposé et j’ai attendu quelques semaines avant de le rouvrir… Et là, j’ai vécu un moment hors du temps, j’ai voyagé, j’ai vu des tas de belles choses, j’ai lu des phrases longues et rapides en même temps, j’ai découvert un métier, j’ai appris sur la peinture! Maylis m’a emmenée avec elle dans son « Monde à portée de main » et comment ce titre va extrêmement bien à cette histoire, à Paula, son personnage. Avec Paula, par l’intermédiaire de Paula, j’ai eu à portée de mes yeux les grottes de Lascaux, ses découvertes, ses peintures. J’en ai appris un peu plus sur Anna Karénine. J’ai visité les plateaux de cinéma de Cinecitta. Il y a tellement dans ce roman: de l’apprentissage, de l’histoire, de l’amour, de la fierté, des doutes, des réussites, des entraides, des connaissances, des voyages, des couleurs, des sensations, des odeurs, de la vie! Maylis de Kerangal a une plume très particulière par la biais de ses phrases, phrases longues mais dont le rythme ne faiblit à aucun moment. J’ai eu la sensation d’une lecture et d’une écriture associées à une respiration longue: chacune reprenant son souffle à la fin de chaque phrase. Les descriptions sont d’une précision telle que tout se dessine avec facilité sous mes yeux et j’ai senti toutes les recherches que l’auteure a dû effectuer pour ce roman si juste.

« … leur récit outrant l’urgence, la fatigue et le doute, exagérant le moindre incident, le tube de couleur qui manque, le godet qui se renverse, le white-spirit qui s’enflamme ou, pire encore, l’erreur de perspective qu’ils n’avaient pas vue, rejouant les scènes où ils se délectaient à paraître ridicules, ignorants, tout petits machins devant la peinture, antihéros d’une épopée haletante et bouffonne dont ils sortaient d’autant plus victorieux qu’ils avaient frôlé la catastrophe, d’autant plus victorieux qu’ils avaient erré dans les ténèbres, d’autant plus ingénieux que tout semblait foutu, et ces récits avaient désormais la force d’un rituel: ils étaient le passage obligé du retour, fonctionnaient comme une étreinte. »

« Un monde à portée de main » est un roman qui m’en emportée avec lui et dont je ne regrette absolument pas ce voyage!! Ma lecture a été passionnante, enrichissante, envoutante, intrigante, bref, je le recommande!

« Un monde à portée de main » de Maylis de Kerangal chez les éditions Verticales, paru le 16 août 2018.

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